Intervention de Jean-Bernard Lévy

Commission des affaires économiques — Réunion du 2 mai 2019 à 10h35
Audition de M. Jean Bernard lévy candidat proposé à la fonction de président-directeur général d'électricité de france

Jean-Bernard Lévy, candidat proposé par le Président de la République à la fonction de président-directeur général d'EDF :

C'est un système qui fonctionne très bien car nous n'avons pratiquement jamais eu à ralentir la production de la centrale de Civaux par manque d'eau. Et si nous avions à le faire en cas de très grande sécheresse ou de canicule, nous pourrions assurer la sécurité d'approvisionnement de la France autrement.

Quant à l'EPR de Flamanville, monsieur Laurent, madame la présidente, il est presque terminé. Nous avons malheureusement détecté tardivement une cinquantaine de soudures non conformes que nous sommes en train de traiter pour celles qui sont assez facilement accessibles. Pour les soudures plus difficilement accessibles, nous avons fait part au groupe d'experts de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui s'est réuni à ce propos au mois d'avril, de notre analyse selon laquelle le réacteur peut fonctionner avec les soudures telles qu'elles sont. Ce groupe d'experts a suggéré deux solutions : soit de réparer les soudures, soit de modifier les règlements, avec un niveau d'exigence que le monde entier nous envie... (Sourires.) Nous sommes donc en discussion avec l'ASN mais je ne peux pas vous en dire plus, car l'ASN devrait prendre une position dans les prochaines semaines.

Concernant l'hydrogène, nous avons fait un constat étonnant : l'hydrogène industriel représente 3 % des émissions totales de CO2 dans le monde, soit presque autant que le transport aérien dont on parle beaucoup plus ! Or cet hydrogène industriel est carboné à 98 % ou 99 %. Produit dans des vapocraqueurs, c'est un sous-produit de la chaîne pétrochimique. Nous avons donc décidé de nous engager dans une filière prometteuse, mais qui est coûteuse pour l'instant, celle de l'hydrogène décarboné. Pour se faire, il faut un hydrolyseur, appareil très cher qui sépare la molécule d'eau en hydrogène et en oxygène : pour l'oxygène, c'est facile ; pour l'hydrogène, il faut le stocker, le comprimer et le réutiliser en cas de besoin. De plus, s'il provient d'une électricité décarbonée comme c'est le cas en France avec le nucléaire, le solaire, l'éolien et l'hydraulique, cet hydrogène ne contribue plus aux émissions de CO2 et aux fameux 3 %.

Pour devenir un acteur dans le domaine de l'hydrogène, nous avons pris une participation de 20 % environ dans une start-up basée dans la Drôme, McPhy, qui développe et commercialise des hydrolyseurs dans le monde entier. Nous travaillons avec des opérateurs de transports, car nous pensons que les premières utilisations de masse se trouveront dans les transports collectifs urbains, les trains ou les bateaux-navettes. Nous avons donc décidé d'entrer dans l'écosystème de l'hydrogène à condition qu'il soit décarboné, en procédant à des investissements. Nous avons aussi lancé récemment une nouvelle filiale, Hynamics.

Madame la présidente, nous disposons effectivement d'un programme de renouvellement des turbines pour l'hydraulique, car même s'ils sont très solides, ces matériaux s'usent au fil du temps, et nous en profitons quelquefois pour augmenter légèrement la puissance de ces turbines. C'est le cas à La Bâthie, dans la vallée de la Tarentaise, où nous terminons un programme de légère augmentation de la puissance des turbines lorsque nous les avons renouvelées. Au total, nous dépensons environ 450 millions d'euros chaque année en investissement sur l'hydraulique, dont une grande partie est évidemment dédiée au programme de renouvellement des installations et des turbines. Cela fait partie de nos investissements permanents pour entretenir notre parc hydraulique, auquel nous tenons beaucoup.

Enfin, vous avez parlé des CEE. Comme j'ai eu l'occasion de le dire à l'Assemblée nationale, j'insiste sur le fait que, dans la facture d'électricité figure pour tous les abonnés - à EDF ou à un autre fournisseur -, le coût des certificats qui financent, entre autres, la rénovation ou l'isolation des logements. À la fin du quinquennat précédent, le Gouvernement a décidé de fixer des objectifs extrêmement ambitieux, consistant à doubler le volume d'économies d'énergie à réaliser. Les opérateurs qui doivent fournir des CEE, les « obligés » - nous sommes le plus important de ceux-là -, ont donc été contraints d'accélérer très fortement leurs économies d'énergie ; j'ai simplement voulu souligner que cette politique publique volontariste contribue de façon non négligeable - et sans doute plus que prévu - aux hausses de tarifs. Nous avions de notre côté milité pour une vraie croissance des CEE, mais sans doute pas aussi ambitieuse ni coûteuse.

Monsieur Pierre, une fois que le chantier de Flamanville sera terminé, l'EPR produira une électricité bien rentable, mais moins qu'escompté, j'en conviens.

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