Il faut être un peu réaliste, il n'y a pas d'incitation sans contrainte. On ne peut pas opposer les deux. Simplement, aucun élu n'a envie de le dire. Tout le monde préfère les incitations. Si vous voulez une politique efficace, il faudra une contrainte, ou en tout cas un cadrage, que vous le vouliez ou non.
Pour ce qui est de la sécurité routière, si on laissait chacun aller à la vitesse qu'il veut, le nombre d'accidents exploserait. On a constaté que la simple destruction de radars avait entraîné une hausse non négligeable des accidents. Au contraire, avec l'installation de radars, la réduction de la vitesse de 5 % a réduit le nombre de morts de 20 %, comme prévu.
Si l'on veut réduire le trafic automobile, on peut demander aux gens d'être bienveillants, on peut les accompagner, mais il faut aussi interdire le stationnement à tel ou tel endroit. Le succès de l'introduction de contraintes repose sur le bon rythme. Peu à peu, on ressert le cadre et on incite les gens à mieux respecter les règles du vivre ensemble.
La gratuité apaise les relations sociales. C'est un fait. En revanche, elle entraîne des mésusages, c'est-à-dire des usages non prévus ou non souhaitables. Le maire de Dunkerque a raconté que les jeunes se réunissaient maintenant dans les bus, devenus des bistros sur roues. Ce n'est pas le but d'un bus et cela coûte très cher. On peut créer des lieux de rencontre beaucoup moins chers.
Dans un premier temps, le service gratuit rencontre un succès évident. La demande devient infinie. Pourquoi se priver puisque ça ne coûte rien ? Les transports publics se retrouvent saturés à l'heure de pointe et certains se plaignent, ce qui oblige à renforcer l'offre. On ne peut pas le faire de façon infinie. Or, comme c'est gratuit, l'usager demande toujours plus. Les finances publiques ou le versement mobilité ne peuvent plus couvrir les coûts. C'est ce qui a fait renoncer plusieurs villes, notamment Hasselt en Belgique, qui n'arrivait plus à suivre une demande qui ne cessait de croître.