C'est quasi-gratuit mais pas totalement.
La marche elle-même n'est pas gratuite. Elle use les souliers, les vêtements, abîme les parapluies. Tout a été calculé. L'éminent spécialiste Francis Papon, chercheur à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (Ifsttar) l'a évaluée en 2002, par une méta-analyse, à 17 centimes d'euros par kilomètre, tandis que le vélo coûte 12 centimes d'euros par kilomètre. Quant à la voiture, elle coûte beaucoup moins cher que ce que l'on croit, comme le montrent les chiffres du bureau d'études de Jean-Marie Beauvais et ceux de la Direction du Trésor. On retient toujours les chiffres de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) ou de l'Automobile Club, deux lobbies qui s'entendent pour faire croire que la voiture est très coûteuse, pour des raisons très différentes. L'Automobile Club arrive à 45 centimes d'euros par kilomètre. Or pour Jean-Marie Beauvais, le coût complet est de 32 centimes par kilomètre. L'écart avec le transport public n'est pas si grand.
Ceux qui roulent à vélo ou marchent savent que ça leur coûte quelque chose. Si vous faites payer le transport public par l'impôt, ceux qui ont la stupidité de marcher ou de pédaler paient pour des transports publics qu'ils n'utilisent pas et qui ne sont pas si vertueux qu'on le dit. En Île-de-France, il y a en moyenne 17 passagers par bus. En début de ligne, ou aux heures creuses, ils sont peu utilisés, c'est normal. Or un bus qui compte moins de dix passagers produit une nuisance du même ordre qu'une voiture. Les modes vraiment vertueux sont la marche et le vélo.
Les élus disent tous que les modes de transports sont complémentaires et qu'ils ont chacun leur domaine de pertinence. La réalité, c'est qu'ils sont en concurrence. Je n'y peux rien. Le vélo est surtout concurrencé par le transport public gratuit parce qu'il concerne à peu près les mêmes usagers, c'est-à-dire des jeunes, des femmes appartenant à un ménage mono-motorisé, des personnes âgées qui ne peuvent plus conduire. C'est la raison pour laquelle le report vers les transports en commun le plus élevé concerne le vélo.