Tous les chiffres cités sont justes. Il n'y a pas de désaccord. Je connais bien le rapport établi par Bruno Cordier pour l'Ademe. Il a demandé aux personnes en bus quel était le mode de déplacement qu'ils utilisaient avant. Ces chiffres donnent une petite majorité d'automobilistes. On dit : « C'est formidable, les automobilistes utilisent les bus gratuits. » mais il y a une erreur de conclusion.
Les parts modales de départ sont, à Châteauroux, d'environ 70 % pour la voiture, 25 % pour la marche et 2 % pour le vélo. Or le taux de report modal de la voiture vers le bus n'est que de 1,4 %. Il est de 2,6 % pour la marche et de 6,7 % pour le vélo. Ces chiffres sont tout à fait compatibles avec ceux de Bruno Cordier. Il n'y a pas de discussion entre nous sur la manière de compter, simplement on ne calcule pas les mêmes choses. Je défends mon approche car elle est dynamique et permet de déterminer ce que l'on veut dans l'avenir. Doit-on se contenter de ce qui existe, avec une petite majorité d'automobilistes qui se reportent sur le bus ? Le rôle des élus est de définir une vision pour l'avenir. Nous voudrions évidemment tous plus de piétons ou de cyclistes dans nos villes car il s'agit du mode de transport le plus inclusif.
Je partage vos objectifs d'égalité, d'équité. Il ne faut pas que les personnes à faibles revenus se sentent discriminés par des tarifs sociaux. En Allemagne, beaucoup de villes n'ont pas de tarifs sociaux, chacun paie le bus au même tarif ; en revanche, les minima sociaux sont plus élevés, ce qui permet aux bénéficiaires de se déplacer plus facilement. C'est pourquoi je préconise une prime à la mobilité, dont le versement ne serait pas lié à l'usage des transports publics mais qui pourrait être utilisée par les personnes comme bon leur semble, pour prendre le bus, le vélo ou même marcher, en utilisant l'argent à tout autre chose.
Le dézonage ? Pourquoi pas. Dans la mesure où l'offre en transports publics dans les zones périphériques est nettement moins bonne que dans les centres, faire payer tous les usagers autant, quelle que soit la zone, peut se justifier.
Enfin, faut-il ne tenir compte que du coût ? Les économistes parlent de coût généralisé, soit le coût complet du transport plus le temps passé à se déplacer. Or, de ce point de vue, si la voiture coûte cher à l'usager, elle s'avère souvent moins coûteuse que le transport public en termes de coût complet, car le temps passé pour effectuer un trajet en voiture est beaucoup moins élevé qu'en transports publics notamment dans les villes moyennes, même si ce n'est pas vrai dans les grandes villes, là où la gratuité est difficile à envisager.