Soit, mais n'oublions pas que les transports publics, comme tous les modes de déplacement, circulent dans les deux sens ! En rendant les transports publics gratuits, on rend aussi plus accessibles les centres commerciaux de périphérie aux personnes qui habitent en centre-ville. Donc il faut aussi évaluer l'impact de la gratuité sur l'accessibilité des centres commerciaux de périphéries.
Pour le financement tout dépend du ratio des recettes sur les dépenses : s'il est inférieur à 10 %, comme c'est le cas dans les petites villes, rendre les transports publics gratuits ne présente pas beaucoup d'enjeux. C'est en revanche plus difficile à Dunkerque, où ce ratio s'élève à 15 %, et c'est quasi impossible dans les grandes villes, car le besoin de financement serait considérable. Pour éviter la congestion des transports publics, il faudrait investir massivement d'un coup dans des lignes de tramway ou de métro supplémentaires, ce qui semble impossible.
Les transports publics rendent dépendants les personnes qui doivent les utiliser : ils dépendent des horaires, des arrêts, des parcours, mais aussi de technologies high tech très coûteuses, comme les bus électriques ou à l'hydrogène, à l'heure où l'on a plutôt besoin de technologies low tech qui pèsent moins sur les ressources de la planète, qu'il s'agisse des ressources énergétiques ou des matières premières.
Paris a décidé de rendre gratuits les transports publics pour les moins de 11 ans, les plus de 11 ans devant apprendre à se déplacer seuls, notamment à vélo. De fait, on voit se développer de plus en plus des modes de déplacements plus autonomes, comme la marche ou le vélo. Il existe aussi des solutions beaucoup moins chères que la gratuité des transports publics : développer des espaces publics de qualité, des pistes cyclables, des trottoirs élargis coûte beaucoup moins cher. Sans doute faut-il trouver le bon équilibre qui laisse plus de place aux modes d'avenir que sont la marche et le vélo. Tout miser sur la gratuité serait une erreur.
De plus en plus, on fait payer les déchets. Quand on les rend payants, en tarifant à la poubelle et non au poids, on constate que les gens jettent soudain deux fois moins de déchets.
Enfin un dernier mot pour souligner la confusion entre marchandisation et tarification : beaucoup de choses ne doivent pas faire l'objet d'un prix, d'une marchandisation. Mais, en matière de transports, il s'agit de tarification : les usagers doivent payer non pas le vrai prix, trop élevé, mais un prix qui comporte, dans le jargon des économistes, un signal prix, pour rappeler aux gens que le service qu'ils utilisent n'est pas gratuit, afin de les inciter naturellement à faire attention.