Mesdames, messieurs les sénateurs, parce que ce débat est évidemment très pertinent et très important, il est essentiel que nous ayons cet échange.
J’ai deux choses à dire. D’abord, je rejoins ce que vient de dire M. le rapporteur, qui va très au-delà du sujet du numérique. Comme j’ai eu l’occasion de le souligner dans les interventions précédentes, c’est un grand classique de la discussion parlementaire sur les sujets d’éducation que d’accumuler des bonnes intentions. Prenons garde, car trop de fées penchées sur un berceau peuvent le faire tomber !
Ensuite, nous devons être très attentifs au fait que le code de l’éducation contient déjà un certain nombre de mentions consacrées au sujet, ce qui est une raison suffisante pour souhaiter le retrait de l’amendement.
Bien entendu, sur le fond, encore une fois, j’exprime mon accord complet avec ce qui a été proposé, à telle enseigne que nous avons déjà anticipé cette question. Cela ne signifie d’ailleurs pas que je sois en désaccord avec vous, monsieur le sénateur Bonhomme. Je pense qu’on peut dire pleinement et l’un et l’autre. En effet, il y a ce que l’on pourrait appeler « la société des écrans », qui envahit nos vies, pas toujours pour le meilleur, et encore plus celle de nos enfants et de nos adolescents. Oui, l’école doit prendre garde à avoir beaucoup de prévention par rapport à ce raz-de-marée qui déferle dans nos vies depuis maintenant quelques années. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons interdit l’utilisation du téléphone portable au collège.
Le sujet des écrans pose une question spécifique, qui n’englobe pas tous les sujets du numérique. Par exemple, la robotique, les enjeux de l’intelligence artificielle, qui sont sous-jacents, sont distincts de la société des écrans et de sa dimension de captation de l’attention qu’elle peut induire à l’égard de nos enfants.
Nous devons être très sensibles à l’objection que vous avez soulevée à juste titre. Pour autant, cela n’invalide pas une démarche volontariste en faveur de l’informatique. Car il nous faut distinguer l’usage superficiel des écrans et un usage approfondi, lequel nécessite une culture informatique de nos élèves pour leur donner une capacité de maîtrise des outils et une aptitude à la distanciation. On peut, par exemple, apprendre le codage informatique sans ordinateur et être dans ce travail logique auquel j’ai fait référence. Il y a donc clairement des distinctions à faire en la matière.
Pour terminer, je voudrais donner de bonnes nouvelles quant à l’enjeu de la formation des professeurs. Au moment où je vous parle, ce sont 2 000 professeurs, au lieu des 1 500 que nous avions programmés, qui sont en train de se former de manière très approfondie. La formation s’effectue grâce à une très forte coopération entre les universités de France, qui ont de grandes excellences en la matière, et nos enseignants du second degré. Tous travaillent de concert pour assurer la préparation de professeurs qui, à la rentrée prochaine, assureront cet enseignement de spécialité informatique et cet enseignement de seconde dont j’ai parlé.