Comme je l’ai déjà indiqué hier, l’instruction obligatoire dès 3 ans est à mes yeux un très grand progrès social, ainsi qu’un progrès pédagogique et éducatif, pour toutes les raisons, connues depuis bien longtemps, qui ont été rappelées et sont confirmées par l’ensemble des dernières recherches en sciences cognitives : en particulier, le fait que chaque enfant évolue à sa façon est un argument supplémentaire en faveur de l’école maternelle.
C’est notre pays qui a inventé l’école maternelle, en 1848. Cela lui a permis jusqu’à aujourd’hui de toujours se situer à l’avant-garde de ce qu’on appelle parfois la préscolarisation. Nous devons nous y maintenir, et même renforcer une position qui, à certains égards, n’est plus aussi assurée qu’elle l’était dans les décennies précédentes.
Abaisser à 3 ans l’âge de l’instruction obligatoire a non seulement une portée sociale concrète, mais aussi une dimension emblématique. C’est pourquoi j’ai été si marri d’entendre affirmer, voilà quelques semaines, que nous voulions, par cette mesure, supprimer l’école maternelle : il s’agit au contraire d’envoyer un message très fort en faveur de celle-ci.
C’est donc l’occasion pour moi de redire très fortement que ce projet de loi vise à renforcer l’école maternelle, dans la lignée des assises de l’école maternelle qui se sont tenues voilà un an sous l’autorité de Boris Cyrulnik. Le Président de la République avait alors annoncé que l’âge de l’instruction obligatoire serait abaissé à 3 ans.
Il y a un enjeu qualitatif, mais il s’agit aussi d’adresser un signal, au plan tant national qu’international. L’objectif n’est pas de battre des records, mais il n’en reste pas moins que la France se place ainsi comme le pays où l’âge de l’instruction obligatoire est le plus bas. Je fais le pari que d’autres pays nous suivront, certains étant intéressés par notre initiative. J’en profite pour signaler que, pour la première fois, se tiendra en juillet prochain un G7 Éducation. Ce sera pour nous l’occasion de mettre l’accent sur la préscolarisation, qui représente un enjeu mondial. La scolarisation des enfants doit commencer à un jeune âge, en tenant compte évidemment de leurs différences, de leurs particularités, de leur rythme…
L’abaissement de l’âge de la scolarisation obligatoire est donc une mesure extrêmement importante, que l’on ne saurait minimiser. C’est pourquoi je suis un peu surpris d’entendre répéter à l’envi que sa portée est superficielle, 97 % des élèves étant déjà scolarisés. Je le redis avec force : 25 000 enfants, ce n’est pas quantité négligeable. Il faut raisonner non en pourcentage, mais en nombre d’enfants. Soit dit par parenthèse, même si elle ne concernait qu’un seul enfant, la mesure resterait importante !
Au-delà, le signal envoyé est absolument essentiel, et je suis surpris que certains commentateurs feignent de l’ignorer, sachant que cette mesure figurait dans le programme électoral de plusieurs partis. La grande différence entre ce gouvernement et d’autres qui l’ont précédé, c’est que nous avons fait ce qu’ils s’étaient contentés d’appeler de leurs vœux !