Mesdames, messieurs les sénateurs, permettez-moi, alors que vous vous apprêtez à vous prononcer sur cet article, d’être un peu solennel : une fois n’est pas coutume !
À mes yeux, l’article 2 est le plus important de ce projet de loi. Il s’inscrit dans une filiation historique que l’on ne saurait sous-estimer. Je souscris en bonne partie aux propos de M. Grosperrin, mais il ne s’agit nullement d’une simple opération de communication : le dispositif est réellement substantiel, et la scolarisation obligatoire à 3 ans aura des effets induits très importants, dont j’ai déjà donné quelques exemples.
On me fait parfois observer que 97 % des enfants sont déjà scolarisés à 3 ans, mais sachez que 93 % des enfants étaient déjà scolarisés au début des années 1880, au moment de de l’adoption des lois Jules Ferry. Aujourd’hui, nous considérons pourtant les lois Ferry comme des textes fondateurs de la République, à juste titre. Bien au-delà de l’objectif quantitatif – grâce à elles, des dizaines de milliers d’enfants sont allés à l’école –, elles ont posé un cadre fondamental. Ensuite, tout au long de notre histoire républicaine, l’élargissement de ce cadre a été conçu, perçu, vécu comme un moyen de consolider l’école et, partant, la République.
Je souhaite donc que cet article recueille le plus large assentiment : cela aura beaucoup de valeur, pour aujourd’hui et, je l’espère, pour demain !