Sur la partie pénale, dès lors qu'une personne agresse, ne serait-ce que verbalement, un sapeur-pompier, nous estimons qu'elle a déjà franchi la ligne et qu'elle mérite d'être sévèrement sanctionnée. Cela est vrai pour les sapeurs-pompiers comme pour toute autre autorité publique, quelle qu'elle soit : le fait qu'un élève insulte son professeur à l'âge de treize ans est déjà un constat d'échec. C'est pourquoi la sanction doit être forte d'entrée, dès le premier stade de l'agression. La réponse pénale ne se limite pas, bien entendu, à la prison, mais peut également se traduire par des travaux d'intérêt général par exemple. D'autres formes de réponses, destinées à renouer avec les valeurs de la République, sont également souhaitables. C'était par exemple autrefois le cas du service national ; c'est aujourd'hui l'ambition du service universel.
Il est certain que le fait de mettre en exergue les agressions contre les sapeurs-pompiers est de nature à nuire au recrutement. C'est pourquoi la fédération nationale réclame une campagne nationale de recrutement, similaire à celles diffusées par l'armée. L'Assemblée des départements de France nous a proposé son aide sur ce dossier. Nous attendons que notre direction générale mette cela en musique.
Nous avons deux inquiétudes sur le volet pénal. Le fait, d'une part, que le sapeur-pompier volontaire vive sur le territoire sur lequel il intervient l'expose nécessairement à des risques de représailles lorsqu'il porte plainte. C'est pourquoi, M. Kanner le sait bien, nous militons pour l'anonymat des sapeurs-pompiers lors des dépôts de plainte. D'autre part, l'insuffisance de la répression entretient, chez les agresseurs, un sentiment d'impunité auquel nos collègues policiers et gendarmes étaient déjà précédemment confrontés. Chaque jour, nos sapeurs-pompiers font face aux mêmes individus qui, bien que placés en garde à vue, se retrouvent dans la nature le lendemain. Pour nous, cela rend d'autant plus difficile de continuer à tenir un langage républicain au sein de nos unités opérationnelles. Le « zéro impunité » à l'égard de celui qui agresse les valeurs de la République devrait être de mise.
Commandant Hervé Tesnière. - Pour préciser les propos du Président, toutes les corporations citées - police, gendarmerie notamment - seront bien entendu nos partenaires dans l'amélioration de la sécurité des sapeurs-pompiers.
Les agressions génèrent beaucoup d'angoisse et de stress chez les sapeurs-pompiers et érodent significativement nos effectifs. C'est une source de préoccupation majeure.