Intervention de Colonel Grégory Allione

Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale — Réunion du 15 mai 2019 à 9h40
Projet de loi relatif à l'entrée en fonction des représentants au parlement européen élus en france aux élections de 2019 — Examen du rapport et du texte de la commission

Colonel Grégory Allione, président de la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France :

Pour répondre à M. Grosdidier au sujet des caméras-piétons et de la réponse pénale, je précise que le dispositif est expérimental. Leur utilisation par trois SDIS révèle une difficulté certaine : une grande partie de nos missions se déroule à domicile ou dans des environnements clos, dans lesquels nous n'avons pas le droit d'y recourir. Elles sont uniquement autorisées sur la voie publique, dans des environnements où il y a déjà de la vidéosurveillance. Vous avez relevé que l'utilisation de ces dispositifs diminue les tensions. Effectivement, ces caméras ont un effet calmant que l'on perçoit. Nous aimerions d'autant plus les utiliser dans un plus grand nombre de missions, à domicile notamment.

La réponse pénale est apportée de manière très variable par les parquets, parfois à l'échelle d'un même département. La mise en oeuvre de la protection fonctionnelle et juridique par les SDIS est tout aussi variable.

Comme le disait Mme Troendlé au congrès d'Ajaccio, les sapeurs-pompiers sont devenus la première ligne en matière de réponse de santé. Or, dans notre pays nous disposons malheureusement de deux autorités distinctes pour gérer les pompiers et les hôpitaux : d'un côté, le ministère de l'intérieur gère les pompiers et, de l'autre, le ministère de la santé gère les hôpitaux, les urgences et les agences régionales de santé (ARS). Aujourd'hui, la vraie difficulté est que les sapeurs-pompiers n'ont pas la pleine maîtrise de tout cela.

Un rappel historique nous montre que notre schéma de fonctionnement a évolué. La loi sur l'aide médicale d'urgence de 1986 découle d'un concept né en 1960, lorsque la France faisait face à un certain nombre d'accidents de la route. La priorité était de transporter le médecin de l'hôpital au site de l'accident.

À cette époque il y avait des médecins partout et le SAMU a voulu, à juste titre, reprendre la main sur la régulation. Pourquoi parler de régulation ? Parce que le vecteur associé et la réponse des urgences n'étaient pas celle d'aujourd'hui. En 1986, on ne se souciait que du vecteur que l'on allait mettre en place, tel que les ambulances privées ou publiques, les hélicoptères ou les médecins, et savoir où il fallait le transporter. Nos urgences n'étaient pas aussi bien dotées techniquement et n'étaient pas aussi fortement spécialisées qu'aujourd'hui. Certes, les hôpitaux de proximité étaient équipés de services d'urgences, mais pour coudre des plaies, pas pour réaliser d'importantes opérations liées à un traumatisme dans le cadre du secours routier.

Je constate que nous nous basons toujours sur ces mêmes principes, alors que le contexte a évolué. Vous voyez passer une loi « santé » tous les 5 ans à peu près, mais la dernière loi sur la modernisation de la sécurité civile et les sapeurs-pompiers remonte à 2004. Aujourd'hui, il manque une véritable politique de sécurité civile appréhendant les schémas de manière transverse.

Arrêtons de raisonner en silo, ministère par ministère. Je n'ose plus dire que nous sommes sur une mission partagée, car comme Mme Buzyn le rappelait, à l'exception de 5 % correspondant à l'extrême urgence, les pompiers assurent seuls 95 % du secours d'urgence aux personnes.

Je ne parle pas uniquement de commandement, mais d'efficience et d'efficacité. Il y a beaucoup de choses que l'on peut faire et que l'on sait faire. En revanche, elles ne sont pas encore reconnues à ce stade. Nous disposons de médecins, sapeurs-pompiers et infirmières qui effectuent de belles missions et qui accompagnent notre formation et notre montée en gamme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion