Il n'y a pas de difficulté puisque nous sommes sous couvert de toutes les décisions prises par la régulation.
En revanche, il est dommageable de ne pas avoir mis à contribution, sur les territoires, les infirmiers sapeurs-pompiers et les médecins sapeurs-pompiers pour permettre aux sapeurs-pompiers de monter en gamme sur certains gestes dans le cadre des interventions.
Aujourd'hui quelqu'un qui veut mesurer sa glycémie peut le faire en allant acheter un dispositif en pharmacie. Les sapeurs-pompiers, eux, n'y sont pas autorisés parce qu'ils doivent demander l'autorisation au ministère de la santé. Or, il ne leur délivre pas car il considère que c'est un acte médical.
Nous étions sur le même registre lorsque, dans les années 2000, le défibrillateur semi-automatique arrivait, parce qu'il était déjà présent aux États-Unis dans toutes les installations sportives. Nous voulions en disposer dans nos ambulances mais cette demande n'a pas été satisfaite au motif que « mettre des patchs » est un geste médical. Aujourd'hui, il y en a partout...
En ce qui concerne l'effet de la décentralisation sur la gouvernance évoqué par Mme Delattre, je rappelle que les SDIS se sont construits grâce aux collectivités. Dans le cadre de la loi de 1996, elles ont doté les SDIS de la capacité de monter en gamme et en compétences afin qu'ils atteignent le niveau que l'on connait aujourd'hui. À ce titre, nous souhaitons la création d'une agence nationale qui disposerait d'une gouvernance partagée avec l'État pour piloter un schéma national sans toutefois négliger les territoires.
La loi de départementalisation devait gommer les difficultés et les différences de réponses de sécurité civile entre les communes. Aujourd'hui, nous constatons des différences de réponse de sécurité civile à l'échelle du département : deux départements n'ont plus nécessairement la même capacité de réponse. Les départements comme le Nord ou les Bouches-du-Rhône vont avoir la possibilité de doter leurs sapeurs-pompiers de matériel performant, de caméras-piéton ou de gilets pare-balles, alors que des départements plus ruraux, avec moins d'énergie territoriale, n'auront pas cette capacité.
Je voulais évoquer aussi le sujet du volontariat. Un grand plan est mis en oeuvre dans le cadre du conseil national des sapeurs-pompiers volontaires où nous avons le plaisir de travailler avec Mme Troendlé. Nous apprécierions que les choses avancent un peu plus mais nous sommes contraints par la capacité de notre direction générale, peut-être moins armée que d'autres directions générales. Notre proposition d'agence nationale permettrait d'avoir des ressources et des cadres sur les territoires pour l'armer et lui permettre d'accompagner la mise en oeuvre de ce plan volontariat.
Vous avez indiqué deux champs possibles. Le premier concerne la défiscalisation des entreprises qui permettrait de libérer plus facilement les sapeurs-pompiers volontaires. C'est un pan que l'on essaie de faire évoluer et vous aurez sans doute bientôt des propositions de notre part.
Vous avez également évoqué la relation entre les sapeurs-pompiers professionnels et les sapeurs-pompiers volontaires. Je suis président de la fédération nationale des sapeurs-pompiers, c'est-à-dire de tous les sapeurs-pompiers. Or, dans certains territoires, les professionnels et les volontaires sont mis en opposition, compte tenu des difficultés et des contraintes matérielles et financières. Aujourd'hui, les sapeurs-pompiers volontaires n'ont pas vocation à remplacer les sapeurs-pompiers professionnels, car ceux-ci sont utiles et même très utiles dans certains secteurs. Il n'y a donc pas lieu de les opposer aux volontaires, même si cela correspond à des pratiques anecdotiques. Dans les rangs, vous ne verrez jamais la différence entre un sapeur-pompier professionnel et un sapeur-pompier volontaire. Ils sont tous pareils.
Un sapeur-pompier professionnel est quelqu'un qui a fait de sa passion son métier. Dans 99 %, il était initialement pompier volontaire. Seuls ses critères de motivation sont différents, car à la fin du mois, il doit nourrir une famille. Le sapeur-pompier volontaire est, lui, animé d'un engagement citoyen assis sur la volonté d'accompagner son territoire, d'accompagner son voisin.
Le CNFPT accompagne les fonctionnaires territoriaux. Je rappelle que sur 250 000 sapeurs-pompiers, 196 000 sont sapeurs-pompiers volontaires et ne disposent pas du statut de fonctionnaires territoriaux. Cela engendre une vraie difficulté sur la gouvernance et la formation. Plusieurs propositions existent pour y répondre. Lors de la réforme des emplois supérieurs de direction des SDIS, l'État considérait que le CNFPT devait rester le centre de gestion de ses cadres territoriaux. À l'inverse, nous pensons qu'une agence nationale et une école nationale permettraient de former et gérer l'ensemble des sapeurs-pompiers. 80 % de nos ressources humaines sont constituées de sapeurs-pompiers volontaires. À l'heure actuelle, le CNFPT forme d'un côté les sapeurs-pompiers professionnels en leur qualité de fonctionnaires territoriaux et les SDIS forment, de l'autre côté, les sapeurs-pompiers volontaires sur leurs budgets, même si le CNFPT arrive à faire des efforts quelquefois.
Le service civique et le service national universel sont des dispositifs différents. Le service civique ne concerne pas tous les SDIS. Cela dépend de leur volonté propre. Dans mon département, la présidente du conseil départemental a permis au SDIS de bénéficier de 30 services civiques par an. Sur ces 30 personnes, 20 à 25 deviennent pompiers volontaires chaque année et certains passent le concours de sapeur-pompier professionnel. Lorsque nous les récupérons, il s'agit souvent de jeunes en rupture avec l'ensemble de nos valeurs. À la fin, ils les partagent et c'est une belle réussite. Nos écoles de cadets de la sécurité civile fonctionnent également très bien.
Les gendarmes et les policiers disposent de référents au niveau national pour la protection contre les agressions. Nous nous dotons petit à petit de référents sur ce sujet, sur le sujet de la radicalisation également, mais nous manquons d'un référent au niveau national dans notre organisation.