En effet, ainsi que les pôles de compétitivité, les rapports de la Datar...
La France avait conservé ses réflexes pompidoliens d'une politique industrielle fondée sur les grands programmes et les filières. C'est dans notre imaginaire collectif : une politique industrielle serait une politique par filières. C'est très bien mais cela ne suffit plus : 30 % des PMI ne sont pas intégrées dans une dynamique de filière. Si elles l'étaient, elles seraient sensibles aux cycles économiques, contrairement aux grandes entreprises comme Airbus, qui peuvent amortir les problèmes dus à un retournement de conjoncture. Un chef de PMI ne met pas tous ses oeufs dans le même panier. D'un point de vue offensif, une PMI peut passer une bonne pratique d'un secteur à l'autre et non apporter des innovations poussées, il est rare qu'il y ait une thèse portée par une PMI. Ainsi, la Normandie soutient particulièrement ses PME-PMI. Il est donc important pour une PMI de ne pas être monofilière - je pense que les chiffres exacts sont plus proches de 50 %. Il faut de l'innovation et un développement territorial.
Actuellement, il n'existe pas, selon moi, de vision cohérente de l'ensemble de ces dispositifs. On ne peut résumer la politique industrielle française en une phrase. Celle de Pompidou était « un outil de modernisation et d'indépendance technologique du pays », celle de nos voisins allemands « un moteur de l'économie par l'export ». Il reste à construire cette phrase.
Construire des territoires interrégionaux n'est pas facile. Ils se mettent en place localement, comme c'est le cas à Figeac-Aurillac-Rodez. Pour ce projet, nous avions préconisé la signature d'un seul protocole, finalement ce seront deux protocoles qui seront signés le même jour, en fonction des périmètres.
La somme d'1,3 milliard d'euros correspond à la mobilisation fléchée, ciblée et prioritaire de programmes existants, notamment au sein de la Banque des territoires et de BPIfrance, qui redonne une impulsion importante. BPIfrance possède un bon réseau d'entreprises mais doit faire davantage d'efforts pour un meilleur ancrage au sein des territoires. Il ne s'agit donc pas de crédits dédiés.
Pour les appels à projets, les territoires manquent d'ingénierie de projet. Nous valorisons le territoire comme un lieu de projets communs, en matière sociale ou économique, de développement du centre-ville, etc. C'est la bonne dimension mais le périmètre du territoire reste indéfini. Nous nous rapprochons de quelque chose de très pertinent, mais ces territoires ne sont pas tous armés pour porter leur responsabilité.
Les trente territoires préfigurateurs sont ceux qui étaient les plus développés et motivés. Je suis plus inquiet pour la suite, et crains la double peine. Nous donnons une responsabilité accrue à des territoires sans qu'ils en aient les moyens ; ils risquent de rester dans leur coin. Je me suis lancé dans ce projet des Territoires de l'industrie sans argent public supplémentaire. Si c'était à refaire maintenant, je demanderais quelques millions d'euros pour financer de l'ingénierie de territoire, clef d'entrée dans le dispositif. Cela permettrait une réelle solidarité -et non l'égalité - en allouant ces moyens de manière sélective. Si, le Grand Annecy a de réelles difficultés sur le coût du foncier, ils ont l'ingénierie nécessaire ; ce ne seraient pas les premiers servis...
Je me suis d'abord concentré sur la préfiguration d'un programme d'initiative nationale dont le pilotage a été délégué aux régions. C'est le président de région qui le préside et non pas le préfet de région. C'est ensuite seulement que je me pencherai sur la possibilité d'attribution de fonds européens.
On peut rêver d'un guichet unique, mais la solution réside dans l'ingénierie de territoire. Le guichet unique rassemble les moyens en faisant fi de l'expertise. Il faut trouver un équilibre entre les ressources financières et l'expertise.
L'évaluation est naturelle ; elle est actuellement en cours.
Lors de discussions entre l'Élysée et le cabinet d'Arnaud Montebourg, nous nous demandions si nous n'avions pas franchi un seuil critique pour continuer à développer notre industrie. Désormais, la situation a changé. Nous avons deux avantages structurels par rapport à l'Allemagne. Avec les nouvelles technologies, l'organisation au sein des entreprises devient un enjeu clef. La capacité à changer une organisation est plus simple en France. J'ai passé trois ans dans le cabinet de conseil Ernst&Young, où mes collègues m'ont indiqué que les organisations allemandes étaient davantage bloquées pour passer à l'industrie du futur, 4.0.