Intervention de Anne Bosche-Lenoir

Mission d'information Gratuité des transports collectifs — Réunion du 23 mai 2019 à 11:5
Audition de M. Pierre Messulam directeur général adjoint à la direction générale transilien et Mme Anne Bosche-lenoir directrice déléguée à la direction générale ter de sncf mobilités

Anne Bosche-Lenoir, directrice déléguée à la direction générale TER de SNCF Mobilités :

La direction générale TER est en charge de tous les trains régionaux, en dehors de la région Île-de-France, dont M. Messulam vous parlera. Cela représente 7 500 trains par jour et 1 300 cars, 1 million de voyageurs et 28 000 collaborateurs. Nous avons signé des conventions avec les régions métropolitaines. Notre chiffre d'affaires s'élève à 4,2 milliards d'euros. La part de marché des trains express régionaux (TER) ne représente qu'1,4 % du marché en forte croissance des mobilités.

Nous considérons qu'il existe des leviers importants pour accroitre cette part de marché et attirer plus de voyageurs dans nos trains, mais la gratuité ne nous semble pas en être un, n'étant pas une attente majeure des clients. Selon les études périodiques que nous faisons sur les attentes des voyageurs, ces derniers souhaitent une amélioration de la régularité et de la fréquence de nos trains, ainsi qu'une meilleure desserte de certaines zones du territoire. Le coût, quant à lui, n'apparaît ni dans ces enquêtes ni dans le dialogue avec les représentants des usagers - nous voyons en effet la Fédération nationale des associations d'usagers des transports régulièrement.

Nous avons réalisé une enquête de marché sur les clients actuels et potentiels des trains TER. Les différences avec ceux du Transilien sont nombreuses. Les besoins de nos clients dépendent en outre du segment de service qui les concerne.

Le segment « citi » regroupe la desserte des territoires très denses, urbains et périurbains. Les trains sont très fréquents, ils passent toutes les 15 à 20 minutes en période de pointe, toutes les 30 à 60 minutes en période creuse. Les clients demandent de la fréquence, de la fiabilité et des correspondances. C'est plutôt une clientèle d'abonnés, qui se rendent au travail ou sur leur lieu d'études. La question du prix n'est pas centrale, les abonnements étant très attractifs, et pris en charge à 50 % par l'employeur.

Le segment « chrono » regroupe les liaisons rapides entre grands pôles régionaux, fréquentés majoritairement par des occasionnels, qui attendent du confort avec des places assises, de la présence, de la rapidité, du service plutôt que de la gratuité, l'attention au prix étant faible.

Le segment « proxi », enfin, est celui de la desserte fine des territoires, où la problématique est plutôt la fréquence - car les trains sont peu fréquents - et l'accès à la correspondance. L'enjeu est de trouver des solutions de mobilité pour les premiers et les derniers kilomètres pour amener les clients au train.

Le segment « citi » - donc l'urbain et périurbain - représente 22 % de nos offres et 33 % de la fréquentation, le « chrono » représente 26 % de nos offres mais 43 % de la fréquentation, tandis que le « proxi » représente 52 % de nos offres pour seulement 24 % de la fréquentation.

Nous avons donc cherché à améliorer les services dans chacun de ces segments, et les premiers résultats sont là : si la fréquentation avait baissé globalement de 7 % de 2012 à 2016, elle a augmenté de 4,8 % en 2017 ; en 2018, les grandes grèves ont un peu perturbé la tendance, mais nous avons retrouvé la tendance de 2017 dès la fin de l'année ; en 2019, la fréquentation augmente de 2,4 % depuis le début de l'année, avec une certaine hétérogénéité cependant, la croissance dans les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) ou Nouvelle Aquitaine étant de 10 % ! Dans cette dernière région, la mise en service de la ligne à grande vitesse (LGV) jusqu'à Bordeaux en 2017 a été l'occasion d'une refonte de l'ensemble des dessertes, alimentant une dynamique de croissance grâce à des correspondances plus performantes.

Les régions, à qui la compétence TER a été transférée en 2002 ont eu une liberté encadrée pour fixer les tarifs à partir d'un cadre national déterminant un barème kilométrique, des tarifs sociaux et des tarifs pour les abonnements domicile-travail, les étudiants et les scolaires. Elles s'en sont saisies pour baisser les tarifs, à travers des abonnements plus attractifs, mais aussi une tarification solidaires pour rendre les TER plus accessible aux personnes les plus en difficulté.

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