Intervention de Pierre Messulam

Mission d'information Gratuité des transports collectifs — Réunion du 23 mai 2019 à 11:5
Audition de M. Pierre Messulam directeur général adjoint à la direction générale transilien et Mme Anne Bosche-lenoir directrice déléguée à la direction générale ter de sncf mobilités

Pierre Messulam, directeur général adjoint à la direction générale Transilien de SNCF Mobilités :

Les débats sur la gratuité qui ont été lancés depuis un an en Île-de-France, avec les prises de position de la maire de Paris, puis de la présidente de la région Île-de-France, s'organisent autour de deux questions : la gratuité favorise-t-elle des gains de pouvoir d'achat, notamment pour les passagers les plus pauvres, et la gratuité est-elle un levier pour induire un transfert modal vers les transports en commun, qui ont une signature environnementale bien moins néfaste que la voiture individuelle ?

Pour y répondre, il faudrait connaître la sensibilité au prix des passagers qui utilisent les transports en commun en Île-de-France, mais pas sous la forme d'une équation économique. Il faut en effet avoir d'abord en tête les contraintes physiques de déplacement, c'est-à-dire la manière dont on se déplace en Île-de-France, avec ou sans transports en commun : un certain nombre de déplacements sont très compliqués si on ne prend pas la voiture - c'est le problème des infrastructures. Les transports en commun, notamment les transports lourds que nous exploitons avec la RATP sur le réseau RER n'ont pas un maillage territorial suffisant pour couvrir l'ensemble des besoins de mobilité. Le signal prix ne suffit donc pas à changer les comportements, parce qu'il y a d'autres déterminants relevant des conditions de mobilité.

Il y a aussi un sujet économique. Aujourd'hui en Île-de-France, le passager paye environ 25 % des coûts réels du transport, ce qui signifie que 75 % des coûts de transport sont financées par l'impôt, payé par les employeurs ou par les habitants. En cas de réduction ciblée ou généralisée du tarif, il faut se demander comment maintenir l'équilibre économique du système, et si les changements de comportements éventuels induits par cette réduction sont soutenables, vu l'état des infrastructures de l'Île-de-France.

Nos problématiques sont différentes de celles de nos collègues des TER : l'Île-de-France compte environ 12 millions d'habitants et reçoit 47 millions de touristes par an sur un territoire de 12 000 kilomètres carrés, soit 2 % du territoire. Nous faisons rouler 40 % des trains sur 10 % du réseau français, mais avec 70 % des passagers qui prennent le train, soit 3,5 millions de passagers par jour. La croissance de notre trafic est supérieure à 2 % par an ; 82 % de nos clients ont un abonnement, le « pass Navigo » pour la plupart d'entre eux, 13 % utilisent des tickets à l'unité et 4 % sont soumis à des tarifs spéciaux ; 82 % des déplacements sont répétés, au moins une fois par semaine, mais 93 % de nos clients ne sont pas concernés : les nombreux touristes ou provinciaux qui arrivent en correspondance avec des TER ou des trains grandes lignes. Les usagers réguliers habitent pour la plupart en Île-de-France, où ils paient leurs impôts, contrairement aux utilisateurs occasionnels.

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