Je remercie l’ensemble des intervenants. Des interrogations se font jour quant à l’avenir de notre cinéma, mais chacun a souligné l’excellence du modèle français.
Je remercie le ministre de s’être plié à cet exercice et d’avoir répondu à l’ensemble de nos questions.
Un consensus semble s’être dégagé : nous n’avons pas à remettre en cause le modèle français, qui a permis les résultats que nous constatons. Il intègre la diffusion dans la création, est presque autonome. Mieux vaut encore l’élargir pour y accueillir les nouveaux opérateurs, plutôt que de nous plier à leurs règles. Cela n’interdit pas d’imaginer d’autres financements, comme M. Boutonnat le souligne dans son rapport, même si le mode de financement actuel a démontré son efficacité et doit être maintenu.
Les sujets évoqués font écho à deux rapports, publiés récemment, qui ont provoqué quelques remous dans le landerneau du cinéma et de l’audiovisuel.
Le rapport de l’Autorité de la concurrence préconise une forte libéralisation du système, une déréglementation assez radicale. Il a évidemment choqué un certain nombre d’acteurs de l’audiovisuel et du cinéma, mais il a le mérite de bousculer les choses, ce qui permet de provoquer le débat. Il y a probablement un équilibre à trouver entre libéralisation et maintien en l’état d’une forme de carcan réglementaire. Certains acteurs du monde de l’audiovisuel et du cinéma reconnaissent que les réglementations sont parfois trop strictes et ne permettent pas de se développer, et sont même parfois responsables d’une attrition des financements.
Par ailleurs, de premières mesures ont déjà été prises, notamment en matière d’ouverture aux financements privés, sur le fondement du rapport sur le financement privé du cinéma et de l’audiovisuel qui a été remis par Dominique Boutonnat au Président de la République. Pourquoi se priver de nouvelles sources de financement ? Comme l’a dit un de nos collègues, cela ne doit pas amener à ne plus considérer que la seule rentabilité, mais pourquoi s’interdire de miser aussi sur des succès ?
Ce rapport traite également de la chronologie des médias, qui mériterait d’être quelque peu remise à plat pour plus d’équilibre et de justice dans la répartition de la valeur entre les différents acteurs.
La transparence est importante pour instaurer une forme de justice : il faut savoir ce que les uns et les autres retirent de notre système vertueux. Le recours à la blockchain pourrait permettre de mieux connaître l’ensemble des revenus des acteurs et d’assurer une plus grande clarté, un meilleur équilibre, sans intervention du législateur.
Je voudrais terminer sur une note optimiste, car je crois qu’il y a lieu de l’être. La capacité de résistance du cinéma résulte en partie de sa nature même, caractérisée, comme vous l’avez souligné, monsieur le ministre, par une émotion partagée collectivement en salle. Robert Desnos disait : « Ce que nous demandons au cinéma, c’est ce que l’amour et la vie nous refusent, c’est le mystère, c’est le miracle. » Cette demande existe sans doute toujours aujourd’hui, et pour longtemps encore.