Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ces derniers mois, plusieurs journalistes ont été convoqués par les services de la Direction générale de la sécurité intérieure, la DGSI, simplement pour avoir fait leur travail de journaliste : enquêter, trouver des sources, révéler l’utilisation d’armes françaises au Yémen ou, pour Ariane Chemin, avoir dévoilé qu’un chargé de mission de l’Élysée faisait, à l’occasion, le coup de poing lors de manifestations, et qu’il entretenait des relations pour le moins douteuses.
Ces convocations, cette volonté d’intimidation, s’inscrivent dans un contexte plus large de défiance du Gouvernement vis-à-vis de ce contre-pouvoir qu’est la presse. Je pense notamment à l’arrestation de Gaspard Glanz lors de la manifestation du 1er mai dernier et à son placement en garde à vue pendant quarante-huit heures, ou aux nombreux journalistes indépendants blessés alors qu’ils couvraient les manifestations des gilets jaunes.
Face à ce climat inquiétant et à ce qui s’apparente à une volonté d’intimider les journalistes, notre groupe tient à rappeler son attachement aux libertés fondamentales, à la liberté de la presse et à la protection des sources, sans lesquelles l’information ne serait plus la même.
À l’inverse, le Gouvernement et le Président de la République continuent de justifier, sous couvert de sécurité nationale ou de secret défense, l’injustifiable. Car comment appeler autrement la convocation de journalistes et du patron du groupe Le Monde par un service censé lutter contre les menaces terroristes ?
Madame la ministre de la justice, quand le Gouvernement va-t-il mettre un terme à ces pratiques qui fragilisent la liberté de la presse et ternissent considérablement l’image de liberté de notre pays à l’international ?