Intervention de Corinne Feret

Réunion du 28 mai 2019 à 14h30
Avenir de l'enseignement professionnel — Débat interactif

Photo de Corinne FeretCorinne Feret :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la réforme de l’enseignement professionnel, annoncée dans ses grandes lignes au mois de mai dernier, doit entrer en vigueur à la prochaine rentrée.

Dans les rangs de la communauté éducative, les choix opérés par le Gouvernement, censés « conduire la voie professionnelle vers l’excellence », interpellent : déspécialisation et déqualification par la réduction des 80 formations existantes à quelques familles de métiers ; diminution des heures de cours ; personnalisation à outrance des parcours ; suppressions de postes d’enseignants ; nombre d’élèves par classe plus élevé. Il est vrai que l’on ne voit pas très bien comment toutes ces mesures peuvent conduire vers « l’excellence »…

L’excellence, nous la connaissons bien dans le Calvados. À cet égard, je citerai le lycée Victor-Lépine à Caen, qui propose le bac pro « Artisanat et métiers d’art option tapisserie d’ameublement », ou encore le lycée Paul-Cornu à Lisieux, qui propose un CAP et un BMA, le brevet des métiers d’art, « Arts de la reliure et de la dorure ». Là-bas, comme ailleurs, cette réforme suscite de légitimes inquiétudes. En effet, la baisse de la part de l’enseignement général dans les formations est considérée comme paradoxale par rapport, je le répète, à l’ambition d’« excellence » affichée.

Si je reconnais que l’école, en particulier l’enseignement professionnel, a pour rôle de préparer des jeunes au monde du travail, je n’oublie pas qu’elle doit aussi, et surtout, former des citoyens et des citoyennes.

Or les élèves seront privés chaque semaine de plusieurs heures de français, de mathématiques, d’histoire-géographie, et l’enseignement de ces matières générales sera principalement au service du métier et des seules compétences techniques.

Très souvent, nous le savons, l’enseignement professionnel permet à des jeunes qui se sentaient exclus du savoir et de la réussite scolaire de se remettre sur les rails.

L’équilibre entre des disciplines professionnelles destinées à l’apprentissage d’un métier et des matières générales qui ne sont pas systématiquement connectées à la profession est essentiel. Or cette réforme appauvrit les contenus des formations et risque de priver les élèves d’une insertion professionnelle véritablement qualifiante, comme de la possibilité de poursuivre des études.

Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous expliquer en quoi le fait de réduire les enseignements généraux dans la formation professionnelle des élèves permettra à ces derniers d’accéder à « l’excellence » ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion