Il faudra que nous en discutions avec la ministre lorsque nouveau référentiel aura été élaboré.
En Europe, et en particulier en France, nous avons la chance d'être en tête de classement sur la gestion aéroportuaire, grâce à quelques grands groupes en Espagne, en Allemagne ou en France. Nous ne sommes pas naïfs : cela risque de ne pas durer. À Istanbul, la nouvelle plateforme est conçue pour gérer, à terme, 200 millions de passagers, c'est-à-dire deux ou trois fois plus que l'actuel Roissy. Les compagnies aériennes du Moyen-Orient et d'Asie vont déverser dans le monde des flots croissants de voyageurs d'affaires et de touristes, et disposer par conséquent d'un pouvoir de négociation de plus en plus important. Les premières places que les Européens occupent aujourd'hui risquent de leur échapper dans le futur. Il est donc important que l'Europe s'organise de manière à générer des leaders mondiaux.
Un gestionnaire aéroportuaire a en fait deux choses à faire. D'abord, il doit apporter en permanence une meilleure qualité de service aux trois grands publics que sont les passagers, les compagnies aériennes et l'écosystème politique et entrepreneurial dans lequel baigne la plateforme. Cela suppose des investissements lourds. Mais il doit aussi développer une stratégie de réseau. À cet égard, il est important d'avoir des plateformes aux quatre coins du monde. D'une part, cela permet de faire du benchmarking. Ainsi, nous avons racheté Gatwick, par où transitent quelque 50 millions de passagers, parce que cette plateforme est extrêmement performante en termes de gestion opérationnelle de l'aéroport. D'autre part, le réseau donne accès à toutes les compagnies mondiales. Nous sommes au Japon, à Salvador de Bahia, à Santiago du Chili, en République dominicaine : nous avons accès à toutes les compagnies mondiales. Or, la clef pour le développement de nos plateformes, c'est évidemment les compagnies aériennes : il faut les motiver pour venir chez vous et faire entrer les touristes en Europe par la France plutôt que par la plateforme hollandaise ou la plateforme de Francfort.
Il est donc important, pour maintenir le leadership européen sur ces métiers, de continuer à faire croître les leaders européens actuels, et en particulier le nôtre. C'est pour cela qu'il nous paraissait faire sens de jouer notre rôle dans l'éventuelle ouverture du capital d'ADP, étant entendu que nous ne sommes pas des financiers mais des industriels : nous n'investissons pas s'il s'agit simplement de toucher un dividende, mais quand nous avons le sentiment que nous aurons une position de partenaire industriel, qui nous permettra d'agir avec le management sur le développement de la qualité de service aux passagers, aux compagnies aériennes et sur la qualité du partenariat avec l'écosystème politique et entrepreneurial local.