Concernant la concurrence dans le recrutement des talents, le principal obstacle reste, du point de vue de l'État, un problème de salaire. Nous souffrons souvent de la comparaison avec le privé pour conserver nos ingénieurs et les profils industriels qui nous intéressent. Une réflexion est cependant en cours, vous le savez, sur l'évolution du droit de la fonction publique, qui devrait nous donner ces capacités de souplesse nécessaires aux recrutements dans un secteur particulièrement tendu. La DINSIC a récemment diffusé une circulaire qui rappelle la panoplie des outils de recrutement déjà utilisables. Ne négligeons pas non plus l'attrait du drapeau et la renommée de l'ANSSI, dont la réputation d'excellence permet de recruter les meilleurs éléments. Le passage par l'agence reste pour beaucoup une garantie ultérieure de reconversion ou de passerelle réussie dans le privé.
Concernant les moyens de l'ANSSI, je partage votre diagnostic, tout en constatant que la trajectoire d'emploi est positive. Mettre des moyens dans la cyberdéfense est une priorité assumée de l'État.
La discrétion dans l'attribution des cyberattaques et la faible publicité qui leur est ainsi donnée tient d'abord, à la difficulté technique inhérente au mécanisme d'identification des responsabilités. La méthode reste celle du faisceau d'indices, et l'entraide judiciaire est compliquée, soit par mauvaise volonté, soit tout simplement par manque de compétences techniques de certains pays. Sans jamais s'interdire de donner un caractère public à l'attribution, le mécanisme est jusqu'à présent pas ou peu utilisé car il est mis en balance avec l'efficacité réelle des messages passés à titre confidentiel. Dans une matière aussi délicate, rendre public un nom c'est aussi prendre le risque de figer les positions et de compliquer l'engagement d'un dialogue. Mais je peux comprendre la frustration des parlementaires et du public face à cette apparente réserve dictée par l'efficacité.
Concernant le bon équilibre de nos moyens entre les dimensions défensives et offensives, une même discrétion rend peut-être ici moins visible l'ampleur des ressources déployés dans la seconde catégorie. La loi de programmation militaire prévoit bien des engagements sur ce point, rappelés encore récemment par la ministre. Le modèle français prévoit à cet égard une séparation spécifique entre les deux chaînes, qui doivent être bien articulées.