Nous percevons souvent les États-Unis comme une scène numérique monolithique. C'est loin d'être le cas. Les relations entre M. Trump et les GAFAM sont mauvaises. On a vu des passes d'armes entre M. Trump et Google sur Twitter. Le président américain a ainsi rappelé à Google de ne pas collaborer avec des laboratoires d'intelligence artificielle chinois ; il considère aussi que Facebook est à la solde du parti démocrate. La candidate à l'investiture démocrate Elizabeth Warren plaide pour une plus grande régulation des GAFAM. Elle appuie son argumentaire sur le respect des règles anti-concurrentielles. Le milieu des think tanks universitaires américains joue aussi un rôle moteur dans le débat.
Je souhaite nuancer les propos de Nicolas Mazzucchi sur les alliances. Elles ont été à géométrie variables. L'Inde, acteur majeur du numérique, avait rejoint le camp occidental en 2012 lors de la réunion de l'UIT à Dubaï en 2012 et s'est opposé au document final de la conférence du NETmundial à Sao Paulo en 2014. Autre exemple, la Biélorussie ne s'est pas rallié à la Russie au cours de ces années.
Très peu de choses ont changé dans les grandes instances techniques. Icann est revenu au statu quo et à la gestion par la technique du nommage et de l'adressage. Ce n'est pas du tout le guichet unique de la gouvernance mondiale. Le centre de gravité numérique de la planète se déplace inexorablement vers des instances plus politiques et vers la Chine, qui cherche à dupliquer cette gouvernance internationale numérique en sa faveur. Chaque année se tient en Chine une réunion de grands acteurs nationaux et internationaux du Net autour du président chinois.
Il faut rappeler la très forte porosité du Royaume-Uni aux équipements de Huawei, qui ne date pas d'aujourd'hui. Nombre d'anciens du renseignement britannique collaborent avec cette entreprise. C'est extrêmement dommageable. L'exemple britannique n'est pas forcément à suivre.
Pour revenir à l'aspect normatif, nous mentionnions des instances telles qu'ISO : sachez que son représentant français travaille chez Microsoft. Il y a une porosité entre public et privé qui ne joue pas forcément en faveur du pays.