Intervention de Annick Billon

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 16 mai 2019 : 1ère réunion
Table ronde sur le rayonnement de la coupe du monde féminine de football 2019

Photo de Annick BillonAnnick Billon, présidente, co-rapporteure :

Mesdames les co-rapporteures, Monsieur le Président Savin, mes chers collègues, Mesdames et Messieurs, je vous remercie d'être venus assister à cette table ronde organisée en partenariat avec la Fédération Française de Football (FFF), que nous remercions pour son engagement à nos côtés. Cet événement s'inscrit dans la perspective de la Coupe du monde féminine de football 2019 qui aura lieu pour la première fois en France, du 7 juin au 7 juillet 2019.

Parallèlement à cette actualité, notre délégation a souhaité conduire un travail sur le football féminin, car cette thématique s'inscrit dans le cadre plus général de l'égalité entre les femmes et les hommes que nous promouvons.

En effet, malgré des avancées certaines, le football reflète encore les inégalités à l'oeuvre au coeur de notre société.

Tout d'abord, il reste empreint de stéréotypes. Des jeunes filles n'imaginent pas pratiquer ce sport réputé encore aujourd'hui « masculin » et de nombreux clubs ne disposent pas des équipements nécessaires pour accueillir les joueuses dans de bonnes conditions, c'est-à-dire dans les mêmes conditions que les garçons.

En outre, les inégalités salariales sont prégnantes. Nous savons qu'en moyenne, les salaires des femmes sont inférieurs de 20 % à ceux des hommes ; dans le milieu footballistique, cet écart est de 96 % ! À cet égard, nous nous interrogeons sur le statut professionnel des joueuses, dont la pratique demeure rattachée au football amateur. En effet, les joueuses de niveau professionnel dépendent de la Fédération tandis que leurs collègues masculins dépendent, eux, de la Ligue de Football Professionnel (LFP). Cette inégalité pose des questions : comment les joueuses de haut niveau peuvent-elles être considérées comme les égales des hommes si elles n'ont pas le même statut professionnel ?

De plus, les footballeuses sont invisibilisées. Force est de constater que les exploits des footballeurs sont davantage retransmis que ceux de leurs consoeurs. Pourtant, les jeunes filles doivent avoir des modèles auxquels s'identifier pour envisager le football comme une pratique qu'elles peuvent s'approprier.

L'accès aux responsabilités est une autre problématique sur laquelle la délégation aux droits des femmes s'est, à de nombreuses reprises, positionnée. Nous constatons trop souvent - ce n'est pas le propre du football - que plus on monte dans la hiérarchie et moins on trouve de femmes. À ce jour, seule une femme préside une fédération sportive olympique (Isabelle Lamour pour la Fédération Française d'Escrime), et seulement deux districts de football sur cent sont présidés par des femmes.

Nous nous félicitons tout de même de la féminisation progressive de certains postes clés dans le domaine footballistique. Je pense notamment à Nathalie Boy de la Tour, que nous avons auditionnée le 4 avril dernier, qui est la première femme à la tête d'une Ligue de Football Professionnel en Europe. Nous pouvons également citer Florence Hardouin, directrice générale de la Fédération Française de Football, ou Fatma Samoura, secrétaire générale de la FIFA.

Par ailleurs, les déplacements que nous avons effectués, notamment au Paris Football Club (PFC) et en Vendée, qui est mon département, nous ont éclairés sur la situation du football féminin français. La table ronde organisée au mois de mars en Vendée nous a permis d'appréhender concrètement les difficultés matérielles des clubs pour accueillir la pratique féminine et fidéliser les joueuses, ainsi que le manque de ressources propres dont peut disposer le football féminin.

Les dirigeants et les joueuses de haut niveau du PFC nous ont également fait part des difficultés que rencontrent ces joueuses à vivre du football : malgré la politique de salariat mise en place par le club, et qui doit être saluée, ces dernières poursuivent des études ou ont un emploi à côté de leurs entraînements quotidiens, dans le cadre d'un double, voire d'un triple projet.

J'en viens maintenant au rapport que nous préparons. Il est mené par quatre co-rapporteures représentant différentes sensibilités politiques de notre assemblée. Il s'agit de Céline Boulay-Espéronnier pour le groupe Les Républicains, qui ne peut malheureusement pas se joindre à nous ce matin, Victoire Jasmin pour le groupe Socialiste et républicain, Christine Prunaud pour le groupe Communiste républicain citoyen et écologiste et moi-même pour le groupe Union centriste.

Notre table ronde de ce matin, qui conclut un cycle d'auditions commencé en décembre 2018 avec la ministre des Sports, sera plus particulièrement dédiée au rayonnement de la Coupe du monde 2019. Cette compétition présente en effet de réels enjeux pour enraciner dans notre pays une culture du football féminin telle qu'elle existe déjà par exemple aux États-Unis ou en Allemagne.

Nous avons choisi de la diviser en trois séquences, qui seront chacune animée par l'une des co-rapporteures :

- séquence 1 : la Coupe du monde en France : quel héritage pour les territoires ?

- séquence 2 : un dispositif médiatique unique pour un événement sportif féminin en France ;

- séquence 3 : quelle place pour les femmes dans le football ? L'exemple du commentaire sportif.

Nous nous réjouissons que le Mondial entraîne une dynamique favorable à la médiatisation et à la visibilité du football féminin. Les billets se vendent très bien : sur 1,3 million de tickets disponibles à cinquante jours du coup d'envoi, 720 000 billets ont été vendus (soit plus de 50 %) et sept rencontres affichent déjà complet. Le tournoi entraîne une ferveur populaire qui, nous l'espérons, portera chance à notre équipe française !

Par ailleurs, cette Coupe du monde bénéficiera d'une visibilité inédite pour une compétition de sport féminin. Canal Plus et TF1, chaînes emblématiques du football, ont ainsi acheté les droits de diffusion des matchs. Elles nous parleront de leur stratégie et de leur dispositif en vue de l'événement.

Pour aborder l'ensemble de ces sujets, nous avons le plaisir et l'honneur d'accueillir de prestigieux intervenants, qui représentent la FFF, mais aussi plusieurs groupes audiovisuels et de la presse écrite, comme vous pouvez le constater à la lecture du programme. Mes collègues co-rapporteures les présenteront dans le cadre de chaque séquence.

Notre matinée étant très chargée, je sensibilise nos intervenants à la nécessité de bien vouloir respecter le temps de parole qui leur est imparti.

Je souhaite la bienvenue au public présent. Je suis au regret de préciser que, compte tenu du temps contraint dont nous disposons ce matin, nous ne serons probablement pas en mesure d'avoir un temps d'échange après les interventions.

Je précise également que notre réunion fait l'objet d'une captation vidéo retransmise en direct sur le site du Sénat.

Je remercie chaleureusement nos intervenants pour leur présence, ainsi que la Fédération Française de Football, qui est notre partenaire. L'organisation conjointe de cet événement constitue un symbole fort pour la visibilité des sportives.

Enfin, je remercie les membres du groupe d'études « Pratiques sportives et grands événements sportifs » pour leur présence aux côtés de notre délégation ce matin et lors des auditions.

Je me tourne d'ailleurs vers son président, Michel Savin, avant de passer la parole à Christine Prunaud, qui animera la première séquence de cette matinée.

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