Merci Madame la sénatrice, Monsieur le Président, Madame la Présidente, Mesdames les sénatrices, je vous remercie de m'avoir invitée pour vous présenter notre ambition et nos enjeux pour la Coupe du monde féminine de football. Pour commencer, j'aimerais revenir en arrière et répondre à cette première question : pourquoi accueillir la Coupe du monde 2019 en France ?
À partir de 2011, le football féminin et la féminisation à la Fédération sont devenus, sous l'impulsion de notre président Noël Le Graët et de notre vice-présidente Brigitte Henriques, un véritable enjeu et une priorité à la FFF. Nous avons mis en place un plan de développement à cet effet sur l'accessibilité à la pratique dans tous les territoires, à la fois métropolitains et dans les départements et collectivités d'outre-mer (DOM-COM). Nous avons renforcé notre engagement en matière de féminisation pour répondre à des enjeux de mixité. En 2011, nous comptions 50 000 licenciées pratiquantes. Nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux et chiffrés, à savoir d'atteindre 100 000 licenciées en 2016. Pour aboutir à ce résultat, il était important d'identifier un grand événement. Noël Le Graët a donc décidé de candidater au plus grand événement possible dans le football féminin, à savoir la Coupe du monde. Le fait d'organiser un tel événement nous permet de devenir la locomotive en matière de football féminin et de le faire rayonner dans tous les territoires à travers notre équipe de France.
Nous avons défini des ambitions et des enjeux pour cette Coupe du monde. Nos quatre ambitions majeures sont les suivantes :
- célébrer une fête familiale et un succès populaire, comme la Coupe du monde masculine l'a été en 1998 ;
- laisser un héritage fort et durable pour le sport féminin et le football féminin ;
- assurer une excellence organisationnelle pour les cinquante-deux matchs qui se dérouleront sur neuf territoires ;
- réussir à être performants.
En plus de cela, nous avons identifié trois enjeux principaux dans notre plan d'action « Animation - Héritage ».
Le premier enjeu est de permettre, à travers les Coupes du monde féminines, de doter le football français d'atouts structurels pour le développement et la structuration du football féminin. Nous devons mener une véritable politique d'héritage parce que nous avons besoin d'un deuxième élan après le premier plan de féminisation. Si nous voulons accueillir dans les meilleures conditions possibles les nouvelles licenciées, en accroître le nombre, tout en fidélisant nos 180 000 licenciées, nous devons examiner les freins qui limitent encore leur accès à la pratique du football. Cela signifie qu'il convient d'assurer pour les pratiquantes des conditions identiques à celles des pratiquants.
Le second enjeu consiste à créer une adhésion en amont de la Coupe du monde sur tous les territoires, aussi bien ceux qui accueillent des matchs que les autres territoires métropolitains et ultramarins, afin de faire rayonner cet événement et de susciter un engouement populaire autour de l'équipe de France.
Enfin, notre troisième enjeu vise à mobiliser toutes les familles du football, à savoir les ligues, les districts, les 16 000 clubs, pour les fédérer autour du développement du football féminin dans les territoires et les clubs.
Le plan « Ambition 2020 » comprend quatre objectifs majeurs :
- assurer l'accueil des nouvelles licenciées et la fidélisation des pratiquantes ;
- faire rayonner la Coupe du monde sur tous les territoires ;
- devenir la référence de l'élite mondiale ;
- permettre aux femmes d'accéder aux postes à responsabilité et installer définitivement la mixité dans le paysage du football français.
Notre objectif est désormais d'atteindre les 200 000 licenciées. Comme nous en avons déjà 180 000, il est donc certain que nous atteindrons cet objectif dans les quatorze mois prochains. Toutefois, nous devons aussi les accueillir dans les meilleures conditions pour les fidéliser dans nos clubs, nos ligues et nos districts. Nous les accompagnerons également pour qu'elles accèdent à de plus hautes responsabilités.
Ainsi, notre président a décidé il y a quinze jours d'accentuer cet objectif et de le fixer à 300 000 licenciées à l'horizon 2022-2024. Des objectifs spécifiques concernent les arbitres féminines, les éducatrices et les animatrices pour encadrer les jeunes garçons et les jeunes filles. Nous souhaitons en effet encourager la mixité dans l'encadrement avec plus de femmes dirigeantes et de femmes qui prennent de hautes responsabilités dans nos clubs, nos ligues et nos districts. Nous devons améliorer l'accueil et l'encadrement des Féminines, ce qui implique de développer les « Écoles de football féminines ». Il s'agit d'un label qui garantit l'accueil des pratiquantes.
Nous avons également « challengé » les candidatures des villes qui souhaitaient participer à l'organisation de cet événement. Nous leur avons demandé pour quelles raisons, autres que festives, la Fédération leur confierait l'organisation des cinquante-deux matchs. En effet, nous souhaitons que cette compétition, au-delà du sport féminin, soit l'opportunité pour les villes candidates de s'engager dans la dynamisation d'une politique publique significative dans leur territoire. Les neuf villes portent donc chacune une politique publique prioritaire :
- Paris, « Capitale mondiale des grands événements » ;
- Lyon, « Le mieux-vivre et la mixité » ;
- Rennes, « L'alliance du sport et de la culture » ;
- Le Havre, « La santé par le sport » ;
- Grenoble, « La mixité des quartiers et la cohésion sociale » ;
- Valenciennes, « La fierté d'accueillir », avec une vraie attention envers la jeunesse qui fuit le territoire ;
- Reims, « L'excellence organisationnelle » ;
- Montpellier, « Ville du sport » ;
- Nice, « Changer les mentalités à travers le sport » et installer davantage de cohésion sociale, notamment dans les liens intergénérationnels.
Ces politiques sont portées par les villes-hôtes avec des programmes spécifiques. Notre comité d'organisation suivra ces politiques publiques et les évaluera.
S'agissant des actions fédérales sur chaque territoire, nous souhaitons habiller toutes les actions du football amateur aux couleurs de l'équipe de France et du slogan « Fiers d'être Bleues ». Des actions récurrentes promouvront donc la Coupe du monde et assureront le rayonnement de l'équipe de France tout au long de l'année.
Pour répondre à ces ambitions, nous disposons d'un budget spécifique dédié au développement et à la structuration du football féminin. Une enveloppe de 15 millions d'euros est ainsi répartie comme suit :
- 5,5 millions d'euros pour la promotion, le développement, la structuration à travers les clubs, les ligues et les districts dans tous les territoires ;
- 9 millions d'euros pour les infrastructures, qui restent le frein majeur pour l'accueil de nouvelles licenciées, car les vestiaires, les terrains et l'encadrement ne sont pas toujours adaptés ;
- 600 000 euros pour la formation, à travers des bons de formation gratuits pour les femmes qui s'engagent dans l'encadrement et pour les éducateurs qui s'engagent dans l'encadrement des joueuses.
Cynthia Truong détaillera ces trois axes.
La politique « Héritage » a débuté il y a quatorze mois. Les enveloppes sont dépensées à 75 %, ce qui démontre l'engouement des clubs autour de la structuration des sections féminines. Depuis un an, les chiffres ont considérablement progressé. En avril, nous comptabilisions 180 000 licenciées. Il ne nous en manque que 20 000 pour atteindre la cible fixée pour 2020. Nous avons dépassé certains objectifs grâce aux clubs qui s'engagent fortement et qui accueillent davantage de licenciées, de sections et d'équipes féminines. De plus, nous avons atteint le nombre important de 1 000 arbitres femmes, car nous voulons mettre les femmes au coeur du jeu. Nous comptons sur cette Coupe du monde pour dynamiser tous ces indicateurs et porter cette deuxième vague de féminisation du football en France.
Par ailleurs, l'équipe de France féminine incarne des valeurs de rigueur, d'humilité, de plaisir et de performance. Grâce à tous les médias qui s'y sont impliqués, la notoriété de l'équipe de France grandit. Il est aussi nécessaire de faire connaître des individualités, comme les promeut le football masculin. Le grand public aime connaître les joueuses, leurs histoires, leurs parcours, leurs noms. Les familles, et notamment les petits garçons, ont envie de porter des maillots avec le nom des joueuses.
Pour conclure, je dirais que cette Coupe du monde est tout sauf un hasard. Comme le répètent notre président et notre vice-présidente, nous en avons besoin pour installer définitivement le football féminin français parmi l'élite. Le football féminin doit également devenir un exemple pour le sport féminin en général.