Intervention de Jean-Baptiste Renet

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 16 mai 2019 : 1ère réunion
Table ronde sur le rayonnement de la coupe du monde féminine de football 2019

Jean-Baptiste Renet, Rédacteur en chef du journal L'Équipe :

Merci de me donner la parole. Dès lors qu'il s'agit de couverture du sport féminin, L'Équipe est particulièrement surveillée. La Coupe du monde féminine 2019 sera un événement phare pour nous. Comme les diffuseurs, nous avons des feuilletons, dont le principal est la Ligue 1. Nous fixons aussi des rendez-vous à nos lecteurs, et la Coupe du monde féminine en fait partie au même titre que, par exemple, Roland-Garros, le Tour de France ou la Coupe du monde de rugby masculine. Pour faire simple, de manière similaire à ce qu'ont dit les précédents intervenants, les moyens que nous consacrerons à la couverture de la Coupe du monde féminine sont comparables à ceux dédiés aux grands événements tels que la Coupe du monde masculine, l'Euro de football ou le Mondial de handball.

Notre puissance médiatique se déploie à la fois sur le papier, sur le numérique et à la télévision. Nous mettrons tout cela au service de notre public, avec les compétences de notre rédaction. Le public retrouvera certaines plumes de L'Équipe, qui sont suivies avec fidélité, notamment celle de Vincent Duluc.

La Coupe du monde féminine mobilisera pour le numérique et le papier au moins seize envoyés spéciaux - hommes et femmes. Je précise qu'il y a évidemment des femmes dans notre rédaction et qu'elles seront sollicitées pour cette Coupe du monde. Nous aurons également une dizaine de photographes accrédités et un réseau de correspondants dans les régions. Lors de la Coupe du monde masculine en Russie, nous avions six envoyés spéciaux auprès de l'équipe de France au jour le jour. Nous en aurons cinq pour la Coupe du monde féminine.

Nous faisons, nous aussi, le pari que cette Coupe du monde mobilisera les Français et le public international. Nous suivrons les Bleues au plus près. En outre, nos reporters couvriront les principales sélections étrangères (Brésil, États-Unis...). Une personne se consacrera exclusivement à la couverture des adversaires de la France au premier tour. Au total, ces équipes couvriront cinquante des cinquante-deux matchs de la compétition. Il s'agit donc d'une réelle montée en puissance depuis la dernière Coupe du monde. Le fait de couvrir la quasi-totalité des matchs en étant sur place constitue une nouveauté. De plus, tous les matchs seront commentés en live depuis le siège. Ce format s'avère très prisé par les internautes, à la fois par ceux qui n'ont pas les moyens de regarder les matchs diffusés par nos amis de Canal Plus et par ceux qui regardent les matchs sur TF1 et qui veulent avoir des informations complémentaires.

Ensuite, notre traitement sera comparable à ce que nous faisons pour l'équipe de France masculine. Nous attribuerons des notes pour les joueuses. Tous les matchs de l'Équipe de France auront droit à ce format, qui est plébiscité par nos lecteurs. Cette égalité de traitement avec les garçons représente une réussite pour le football féminin, même si les notes sont plus ou moins agréables à lire...

Pour nous, la couverture a commencé en amont. Pour accompagner l'annonce de la liste de Corinne Diacre qui a été faite en direct sur TF1, nous avions décidé de longue date de consacrer notre Une à ce sujet pour donner le coup d'envoi de l'événement. À nouveau, le web et le print se répondent constamment. Cela nous permet de proposer une couverture en temps réel dans la journée et une couverture analytique et approfondie dans le journal du lendemain.

En outre, le magazine du 1er juin sera un numéro spécial sur la Coupe du monde féminine. Un sujet concerne Amandine Henry, qui nous éclaire sur la pratique du football féminin en France. Elle a retrouvé ses anciens partenaires masculins de l'équipe mixte dont elle était capitaine. De nombreuses filles pratiquent en effet le football dans des équipes mixtes. Nous racontons donc cette rencontre.

La chaîne L'Équipe, pour sa part, mobilisera quatre envoyés spéciaux. Elle a recruté deux consultants pour cette occasion : Marinette Pichon, ancienne attaquante emblématique des Bleues, et Patrice Lair, ancien entraîneur des Féminines de l'OL et du PSG - une figure, lui aussi, du sport féminin. Nous aurons des temps d'antenne avant le match, pendant la mi-temps et des débriefings. Nous avions constaté lors de la Coupe du monde masculine que ces rendez-vous étaient particulièrement suivis. Les téléspectateurs nous faisaient le plaisir de venir rapidement sur notre chaîne une fois le match terminé. Nous retrouverons également certains consultants des matchs masculins, dont Paul Le Guen.

Notre dispositif est donc comparable à ce que nous avions mis en place pour la Coupe du monde 2018. Je souligne honnêtement une différence notable, à savoir que la compétition de 2018 se déroulait en Russie, ce qui représentait un investissement considérable pour nous. Pour la Coupe du monde féminine, l'investissement est moindre, et il est plus commode d'accompagner ce type d'événement à domicile.

Concernant l'avenir du football féminin sur les supports de L'Équipe, je rappelle qu'il ne s'agit pas d'un sujet nouveau pour nous. En 2011, date qui marque l'émergence du football féminin sur le plan médiatique, deux médias hors diffuseurs avaient couvert la Coupe du monde féminine du début à la fin, dont L'Équipe. À l'avenir, il faudra distinguer la couverture naturelle qui accompagne la performance et ce qui relève d'une démarche volontariste. Comme tout média, nous réalisons des études auprès de nos lecteurs et lectrices. Ces dernières ne sont pas majoritaires, elles représentent environ 17 % de notre lectorat papier et légèrement plus sur le numérique. Elles nous disent qu'il faut donner de la place au sport féminin, mais sans démagogie. Elles veulent voir de la performance. Notre accompagnement du sport féminin tiendra compte de ces paramètres. Nous raconterons des histoires, mais cela sera conditionné à une performance. En parallèle, nous pourrons mener une démarche volontariste comme nous avons pu le faire lors de l'annonce de la liste des vingt-trois joueuses sélectionnées pour la Coupe du monde.

La couverture du sport féminin sera l'un des enjeux de L'Équipe dans les années à venir. Nous ne perdrons pas le fil.

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