Intervention de Franck Montaugé

Commission d'enquête Souveraineté numérique — Réunion du 28 mai 2019 à 15h00
Audition de M. Thierry Breton

Photo de Franck MontaugéFranck Montaugé, président :

Notre commission d'enquête poursuit ses travaux avec l'audition de M. Thierry Breton. Cette audition est diffusée en direct sur le site internet du Sénat. Elle fera également l'objet d'un compte rendu publié. Enfin, je rappelle, pour la forme, qu'un faux témoignage devant notre commission d'enquête serait passible des peines prévues aux articles 434-13, 434-14 et 434-15 du code pénal. Monsieur Breton, je vous invite donc à prêter serment de dire toute la vérité, rien que la vérité, levez la main droite et dites : « Je le jure. ».

Conformément à la procédure applicable aux commissions d'enquête, M. Thierry Breton prête serment.

C'est à un double titre que nous vous recevons aujourd'hui. Vous êtes d'abord un chef d'entreprises. Après avoir dirigé Thomson ou France Télécoms, vous êtes actuellement président-directeur général d'ATOS, l'un des fleurons français des services informatiques. La société que vous dirigez a intégré le CAC 40 en 2017 et sa capitalisation boursière atteint aujourd'hui plus de 7 milliards d'euros.

Mais vous êtes également ancien ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. C'est donc également l'homme d'État que nous interrogeons aujourd'hui, car l'objectif de notre commission d'enquête n'est pas seulement de dresser des constats : il est aussi de trouver les voies du renouveau de l'action publique en la matière.

Anticipant la loi « PACTE », vous avez proposé à vos actionnaires une nouvelle « raison d'être » pour ATOS, à savoir contribuer à façonner ce que vous appelez l'espace informationnel. Vous considérez que cet espace, dans lequel les données circulent, sont stockées et sont traitées, vient s'ajouter aux espaces territoriaux, maritimes et aériens. Estimez-vous que la France - ou l'Europe ? - ait les capacités de reconquérir ce nouvel espace, de redevenir pleinement souveraine, alors que la quasi-totalité de la chaîne du numérique, de la technique aux services en ligne, est dépendante des entreprises américaines, et peut-être chinoises demain ? Vous estimez que sans supercalculateurs européens, sans microprocesseurs spécifiques, indispensables à la puissance de calcul considérable que nécessite l'intelligence artificielle, tous les discours légitimes sur notre souveraineté numérique resteront vains. Pouvez-vous étayer ce propos et nous dire quelles sont, selon vous, les briques technologiques nécessaires à la souveraineté numérique de notre pays ?

Enfin, le ministre de l'Économie a annoncé une nouvelle démarche en vue de créer un cloud « souverain », à laquelle il a annoncé qu'Atos participerait. Nous savons que les précédentes tentatives en ce sens se sont soldées par un échec, et que les contours de la notion de cloud « souverain » ne sont la plupart du temps, pas clairement définis par ceux qui l'utilisent. Que pensez-vous de cette initiative et comment l'entreprise que vous dirigez pourrait y participer ? Le cloud n'est-il pas déjà en voie d'être dépassé par les objets connectés et le edge computing ?

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