Mes chers collègues, en application de l'article 13 de la Constitution, nous entendons à présent M. Rémy Rioux, candidat proposé aux fonctions de directeur général de l'Agence française de développement (AFD), étant précisé qu'il s'agit du renouvellement de ses fonctions. Cette nomination ne peut en effet intervenir qu'après l'audition de la personne pressentie devant les commissions compétentes de l'Assemblée nationale et du Sénat, auditions qui doivent être suivies d'un vote. L'audition est publique et fait l'objet d'une captation audiovisuelle. À l'issue de cette audition, je demanderai aux personnes extérieures de bien vouloir quitter la salle afin que nous puissions procéder au vote qui se déroulera à bulletin secret. Le dépouillement doit être effectué simultanément à l'Assemblée nationale et au Sénat. Je vous informe que l'Assemblée nationale a procédé à l'audition de M. Rioux à 9 heures 30 ce matin. Nous pourrons donc dépouiller le scrutin aux alentours de 12 h 30.
Enfin, en application de l'article 13 de la Constitution, il ne pourra être procédé à cette nomination si l'addition des votes négatifs de chaque commission représentait au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés dans les deux commissions.
Monsieur le directeur général, nous vous connaissons bien. Aussi, je rappellerai brièvement votre parcours universitaire. Après des études à l'École normale supérieure et à l'ENA, vous avez rejoint la Cour des comptes en 1998. Puis, vous avez dirigé le cabinet de M. Moscovici, ministre de l'économie et des finances. Vous êtes ensuite devenu secrétaire général adjoint du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires économiques. Après avoir mené, en 2015, une mission de préfiguration du rapprochement entre l'AFD et la Caisse des dépôts et consignations, vous avez été nommé, le 2 juin 2016, directeur général de l'AFD.
Je rappelle que l'Agence française de développement dans sa forme actuelle est née en 1998 de la réforme de la politique française de coopération, qui en a confié le pilotage stratégique aux ministères des affaires étrangères, de l'économie et des outre-mer, et la mise en oeuvre à un opérateur autonome, l'AFD, qui est à la fois un établissement public industriel et commercial et une société de financement soumise au code monétaire et financier. Au cours des années 2000, la diminution des moyens budgétaires consacrée à l'aide publique au développement est allée de pair avec une montée en puissance de l'agence, qui a augmenté ses interventions en prêts à des taux bonifiés, mais, surtout, à des taux proches de ceux du marché.
Conformément aux engagements pris devant les Nations unies en 2015, la capacité d'intervention de l'agence doit augmenter de 4 milliards d'euros d'ici à 2020. L'AFD est ainsi une pièce essentielle dans le dispositif qui doit permettre de porter, conformément au souhait du Président de la République, la part du revenu national brut consacrée à l'aide publique au développement (APD) à 0,55 % d'ici à 2022, soit environ 15 milliards d'euros. En 2018, les engagements de l'AFD atteignaient déjà 11,4 milliards d'euros, soit une hausse de 40 % en trois ans.
Parallèlement à cette forte croissance, qui s'est accompagnée d'un renforcement des moyens humains de l'agence, celle-ci a réorienté son action en faveur des objectifs de développement durable (ODD) adoptés par le Nations unies en 2015 et en application de l'accord de Paris sur le climat adopté la même année.
Quel sont, monsieur le directeur général, les grands axes du bilan de vos trois années passées à la tête de l'AFD ? Quelles sont vos motivations pour continuer à exercer cette fonction ? Quel est votre projet pour les trois années à venir ? Je vous rappelle que nous sommes particulièrement attachés à ce que les projets de l'AFD s'insèrent efficacement dans une politique globale dont le pilotage politique doit être, selon nous, renforcé. Nous sommes nombreux à avoir regretté qu'il n'y ait pas de ministre ou de secrétaire d'État à la coopération. Vous le savez, nous l'avons répété à de nombreuses reprises, nous souhaitons que cette politique puisse être évaluée de manière indépendante et transparente.
Cette audition, ouverte au public, est enregistrée et diffusée sur le site internet du Sénat.
Je vous laisse la parole pour une dizaine de minutes, avant que nos rapporteurs pour avis, dans le cadre de la mission budgétaire « Aide publique au développement », Jean-Pierre Vial et Marie-Françoise Pérol-Dumont, ne vous posent une série de questions. Afin de rendre ce débat plus interactif, vous pourrez, monsieur le directeur général, répondre immédiatement après chaque question. Compte tenu du délai qui nous est imparti pour l'intervention du vote, je propose qu'un orateur par groupe s'exprime ensuite, si vous en êtes d'accord.