Intervention de Rémy Rioux

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 22 mai 2019 à 9h30
Audition de M. Rémy Rioux candidat proposé par le président de la république pour occuper les fonctions de directeur général de l'agence française de développement

Rémy Rioux, candidat proposé par le Président de la République pour occuper les fonctions de directeur général de l'Agence française de développement (AFD) :

Absolument !

Mais se posent la question de l'achèvement du regroupement des opérateurs et celle du financement de l'expertise. La voie qui a été choisie a été celle d'actionner un meilleur financement de l'expertise. Pour ce faire, il s'agit de brancher de façon beaucoup plus efficace, fluide, rapide, en gré à gré, dans la plupart des cas, Expertise France sur l'institution de financement qu'est l'AFD. Cette année, le financement de commandes passées à Expertise France dépassera les 50 millions d'euros. Je veux que les directeurs d'agence sur le terrain proposent systématiquement de l'expertise à nos partenaires du Sud. Cela apportera une base financière solide à Expertise France, qui doit poursuivre ses efforts pour mobiliser d'autres financements. Pour être clair, il n'est absolument pas question d'une fusion. Même si la forme reste à arbitrer, Expertise France, tout en conservant une gouvernance spécifique, intégrera le groupe AFD pour déployer ces synergies positives.

Expertise France nous apportera une maîtrise d'ouvrage directe, ses outils d'expertise, sa connaissance des terrains en crise, tandis que nous lui apporterons des financements et le réseau public à l'étranger.

Quant au projet chinois dans la ville de Shihezi que vous avez mentionné, madame la sénatrice, il a fait l'objet de débats l'année dernière. Le bilan énergétique était très positif : il s'agissait de financer non pas une centrale à charbon, mais le réseau de chauffage urbain en améliorant sa capacité énergétique. Malheureusement, le projet a été annulé par les autorités chinoises.

Monsieur le ministre Vallini, le rapprochement entre l'AFD et la Caisse des dépôts a abouti, en décembre 2016, à une charte d'alliance stratégique avec la Caisse des dépôts. Avec Éric Lombard, nous avons organisé le comité de pilotage. Au travers du fonds d'investissement STOA que nous avons créé, les premiers investissements avec les entreprises françaises ont eu lieu. Nous menons beaucoup d'actions avec les caisses des dépôts africaines. Ce rapprochement prendra un nouveau sens avec la mise en oeuvre progressive des objectifs de développement durable. Avec Éric Lombard lui-même, nous avons des discussions très stratégiques sur la manière dont la Caisse des dépôts peut respecter l'accord de Paris. L'AFD a certainement une longueur d'avance dans ses méthodologies. Quoi qu'il en soit, cela permettrait aux institutions financières publiques d'être exemplaires en la matière. Vous l'avez dit, monsieur le président, s'ouvre devant nous un grand débat : comment, dans les pays pauvres, être plus exigeant en matière de développement durable, tout en réservant aux populations le meilleur sort possible ?

Monsieur le ministre Bockel, je ne me prononcerai pas bien sûr sur l'organisation du pouvoir exécutif ni sur le rôle du Parlement. La politique de développement a besoin d'une attention politique et d'un contrôle politique beaucoup plus importants ; je ne recherche que cela et vous avez pu le constater depuis trois ans. Je suis heureux de constater que les ressources ont progressé et cela s'accompagne évidemment d'une exigence de contrôle. Non seulement l'AFD s'y conformera - ce n'est pas un choix -, mais elle le souhaite. Soyez-en certains, j'en serai le premier avocat.

Je sais les contraintes que vous connaissez en tant qu'administrateurs. Avec Laurence Tubiana, la présidente du conseil d'administration de l'AFD, nous pourrons sans doute voir demain, lors du séminaire, si des améliorations sont possibles.

Monsieur Patriat, nous partageons évidemment une très forte sensibilité pour l'outre-mer - c'est notre histoire. Souvenez-vous, en 2000, la moitié de l'activité de l'AFD était déployée dans les territoires d'outre-mer français. Nous connaissons donc très bien les enjeux, le potentiel de ces territoires, mais aussi les difficultés qu'ils rencontrent. Les territoires ultramarins nécessitent une grande attention et beaucoup de financements, comme le souhaite le Gouvernement. Les outre-mer peuvent devenir des territoires exemplaires en matière de développement durable et rayonner. Par ailleurs, aux Comores, à Mayotte, en Haïti, dans les Antilles françaises, nous devons aller beaucoup plus loin dans l'intégration régionale.

Monsieur Laurent, concernant les 3D, il ne faut pas nécessairement raisonner de façon hiérarchique, il faut combiner les trois. La diplomatie, qui porte les engagements politiques, vient en premier, les instruments de défense et de développement sont à la disposition du pouvoir politique pour intervenir dans les crises. Par modestie, je place toujours le développement en troisième position, mais cette action est actuellement revalorisée, et c'est heureux. Je l'ai dit, on fait du développement. En cas de crise, on veut faire en sorte que les agents de l'AFD se coordonnent avec nos collègues du ministère de la défense, qui font très bien leur travail. Nous voulons que notre capacité de développement humain soit beaucoup plus présente dans notre action.

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