Intervention de Sibyle Veil

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 12 juin 2019 à 9h30
Audition de Mme Sibyle Veil présidente-directrice générale de radio france sur le plan stratégique « radio france 2022 : une nouvelle ambition de service public »

Sibyle Veil, présidente de Radio France :

Nous allons nous appuyer sur les équipes de FIP qui assurent actuellement les décrochages locaux pour créer des délégués musicaux qui bénéficieront à l'ensemble des antennes de Radio France aux programmations diverses. Cette démarche nous permettra de continuer à détecter les talents locaux et à mettre en valeur les festivals, dans une logique qui bénéficiera désormais à l'ensemble du groupe.

La plateforme Majelan, lancée la semaine dernière, met en visibilité l'évolution du secteur, marquée par l'émergence de nouveaux acteurs. Certains sont concurrents et se positionnent en production et en distribution de contenus, - à l'instar de Majelan -, tandis que d'autres sont complémentaires et nous permettent de présenter nos programmes à de nouveaux publics. Les produits de service public n'ont pas vocation à servir de produits d'appel pour des plateformes développées dans un intérêt économique. Nous sommes là pour servir le grand public et non des intérêts économiques et ce, alors que le droit d'auteur est aujourd'hui reconnu et que de nombreux producteurs indépendants, et de médias francophones dans une plus large mesure, se sont émus de retrouver leurs contenus diffusés sur d'autres plateformes, sans en avoir été informés au préalable. Ce travers concerne d'autres plateformes que Majelan. Le marché de l'audio est en cours d'organisation. Encore faut-il que celle-ci respecte certaines règles ; personne ne comprendrait que les contenus de France Télévisions se retrouvent sur des plateformes de distribution de contenus vidéos, sans que ce groupe n'en ait été au préalable informé. La contractualisation avec les plateformes de diffusion vidéo est une exigence légitime, afin d'assurer le respect de notre droit d'auteur et de la démarche éditoriale qui est celle des contenus des programmes de service public.

Sur le Pass culture, nous avons fait des propositions pour que certaines de nos offres, correspondant à sa démarche, puissent y figurer, comme des offres de contenu d'émissions ou de retransmission d'événements - à l'instar de concerts auxquels le Pass culture garantirait un accès privilégié - que nous produisons à Radio France.

Le nombre de jours travaillés à Radio France, qu'évoque régulièrement la Cour des comptes dans ses rapports, est l'une des questions abordées avec les partenaires sociaux. Comme la presse s'en est faite l'écho la semaine dernière, nous discutons avec ceux-ci de la planification des rythmes de travail et du nombre de jours travaillés et de congés. Nous avons proposé que la réduction du nombre des jours de congés soit différenciée en fonction des métiers et de leurs contraintes particulières, tout en veillant à rejoindre les règles du secteur radiophonique, y compris France Medias Monde.

D'ailleurs, la rigidité de la planification de notre temps de travail est telle que le recours aux CDD s'impose à certaines périodes, comme lors de la préparation des nouvelles grilles d'été ou de la production d'événements spécifiques. L'organisation différente du temps de travail à Radio France devrait nous permettre d'avoir moins recours à ces emplois précaires.

S'agissant de ressources propres, l'activité culturelle importante - avec un projet artistique fort pour les deux formations musicales - doit nous permettre, comme de nombreuses institutions culturelles, de susciter le soutien de mécènes. Notre objectif est de recueillir 6 millions d'euros par an en ce domaine.

La place des langues et cultures régionales dans notre programmation est très importante, que ce soit sur France Bleu, Breizh izel ou Alsace. Nous veillons à ce que ces programmes soient diffusés à des heures de grande écoute. Ainsi, trois heures de programme en langue bretonne sont diffusés quotidiennement sur France Bleu Brezhizel, tandis que les programmes de France Bleu Alsace le sont intégralement en alsacien.

Sur les éventuels glissements d'audience, les succès d'audience s'expliquent par la diversité des lignes éditoriales qui ne se concurrencent pas les unes les autres. Il n'y a donc pas de cannibalisation entre les différentes chaînes.

Je vous remercie d'avoir souligné la place du réseau France Bleu comme interlocuteur des collectivités locales et des différents acteurs culturels et économiques sur vos territoires respectifs. Lors de la présentation de ma candidature à la présidence de Radio France devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel, j'avais souligné l'importance d'une information de proximité au coeur du quotidien de nos concitoyens. Telle est ma conviction bien antérieure à la crise des gilets jaunes. Avec 500 heures de programmes locaux offerts par ses 44 stations, France Bleu nourrit également l'offre d'information de nos différentes chaînes nationales. Cependant, je suis particulièrement attachée à ce que nous concentrions nos moyens financiers sur l'offre de programmes de proximité de France Bleu. Cette démarche s'inscrit ainsi dans nos priorités de service public pour les années à venir.

Je souhaite que les orchestres aient l'audience la plus large possible. L'intimité avec la musique interprétée et jouée est une expérience irremplaçable. Hier soir, nous avons organisé le festival « l'Ecole en choeur » qui rassemblait 850 élèves, de 7 à 18 ans. De tels événements s'inscrivent dans nos missions de service public et il incombe à Radio France d'en assurer le rayonnement le plus large possible. Nous espérons que les années à venir vont nous permettre de diffuser, avec France Télévisions, ce que font nos deux orchestres, qui représentent un atout pour notre service public et qu'il conviendra de mettre à l'honneur dans les programmes de l'audiovisuel public. Nous avons, à cet égard, évoqué un éventuel projet dans le cadre de l'émission « Le grand échiquier ».

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