Bien évidemment, vous avez notre soutien. J'engage mes collègues à attirer l'attention du gouvernement français sur la situation au Venezuela.
En complément, je voudrais faire quelques observations.
Avant toute chose, je veux souligner qu'hier, l'Union européenne a désigné un envoyé spécial pour le Venezuela M. Enrique Iglesias, ce qui devrait favoriser l'unification des positions des Etats membres et donner plus de force à l'Europe pour faire pression dans cette crise.
Au-delà, quelles actions devons-nous mener ?
Tout d'abord, appuyer la médiation qui est en cours à Oslo et dialoguer, dès lors que la solution militaire n'est souhaitée par personne. Nous allons inciter le ministre des affaires étrangères à appuyer cette médiation.
Par ailleurs, vous avez évoqué la Cour pénale internationale. Comme vous le savez, pour que celle-ci puisse être saisie, une condition préalable est que le pays concerné soit signataire du Statut de Rome, ce qui est bien le cas du Venezuela. Ensuite, il y a trois modes de saisine possibles. La première, par le pays lui-même, ce qui paraît peu probable venant de M. Maduro. La deuxième par un pays tiers signataire, ce qui a été fait, vous l'avez rappelé, par cinq pays d'Amérique latine et le Canada. La France, quant à elle, a approuvé cette démarche et il serait souhaitable que l'Union européenne toute entière le fasse. La troisième possibilité est une saisine par le Conseil de sécurité des Nations Unies, mais l'on sait que la Russie opposera son veto, comme elle l'a fait, à onze reprises, pour empêcher que des enquêtes internationales soient menées sur les violations des droits de l'homme et les crimes commis par le régime syrien. On sait, au demeurant, que les procédures devant les tribunaux internationaux sont très longues. Elles n'ont pas pour effet de soulager la souffrance immédiate de la population. Mais il faut que ces procédures soient menées à bien pour que les responsables répondent de leurs crimes odieux.
A mon sens, il faut, comme vous l'avez dit, utiliser à la fois les procédures internationales, la pression politique ainsi que les sanctions. Avec cette réserve, s'agissant de ces dernières, qu'elles pénalisent souvent davantage les populations que les responsables des troubles. L'action internationale doit viser, en revanche, à l'ouverture de couloirs humanitaires permettant de soulager la population. La communauté internationale manifeste sa solidarité à travers l'aide humanitaire, mais le problème est que celle-ci n'arrive pas à ses destinataires, l'armée vénézuélienne bloquant son entrée aux frontières, nous avons tous en tête ces images terribles.
Toutes ces mesures peuvent sembler bien modestes au regard de ce que vous avez enduré et dont vous avez témoigné ici. Cette audition restera parmi celles qui nous ont le plus marqués, comme celle de cette femme yézidie qui était venue nous raconter l'esclavage sexuel qu'elle avait subi pendant plusieurs années. Il faut que vous continuiez à faire connaître votre témoignage dans toutes les instances internationales. Nous avons été touchés par la force de votre témoignage et par votre courage, et avons pris la mesure de cette réalité épouvantable. Soyez sûr de notre détermination à mener toutes les actions que nous pourrons, à aiguillonner notre gouvernement en ce sens. Je rapporterai ce témoignage au président du Sénat qui, je l'ai dit, est très sensible à ce qui se passe au Venezuela. Merci encore pour votre témoignage et soyez assuré qu'il ne restera pas sans suite. Faites part à vos compatriotes du soutien du Sénat et de la République française. Nous ferons notre possible pour que la démocratie, les libertés et les droits de l'homme soient respectés.
La réunion est close à 11 h 20.
Ce point de l'ordre du jour a fait l'objet d'une captation vidéo qui est disponible en ligne sur le site du Sénat.