Intervention de Philippe Verbeke

Mission d'information enjeux de la filière sidérurgique — Réunion du 18 juin 2019 à 15h05
Table ronde avec les syndicats

Philippe Verbeke, membre de la direction de la FTM-CGT, en charge de la filière sidérurgie :

Nous les avons également rencontrés à Lille, il y a quelques mois : ils s'inquiètent de la fermeture en cascade des aciéries électriques dans le pays, puisqu'elles offrent l'opportunité parfaite de valoriser la ferraille.

Certes, la question de la consommation d'électricité se pose, mais nous pensons qu'avec un niveau élevé de recherche et développement, pour peu que l'on y mette les moyens, et avec des tarifications adaptées, la situation n'est pas si mauvaise. Nous menons d'ailleurs campagne, y compris dans le Grand Est, pour la réimplantation de capacités de production, notamment via des aciéries électriques. C'est aussi la proposition que nous avions développée pour le site de Gandrange.

Je terminerai par le sujet de l'intervention de l'État et des régions. Le rapport de l'Assemblée nationale précité émet la recommandation suivante : « Définir une doctrine spécifique d'investissement de la Banque publique d'investissement (BPI) en rapport aux besoins des filières et qui puisse se traduire par des prises de participations significatives au capital et rompre ainsi avec le mouvement de mainmise de groupes étrangers sur les entreprises sidérurgiques et métallurgiques, un phénomène qui s'est accéléré en France au cours de la dernière décennie. » Cela avait été voté en 2013 à l'unanimité de la commission d'enquête parlementaire.

Ce que nous demandons, pas uniquement dans le secteur de la sidérurgie d'ailleurs, ce sont de réelles contreparties aux aides publiques, qui sont très fortement captées par la sidérurgie. Le montant cumulé du crédit d'impôt compétitivité - emploi (CICE) pour le secteur français de l'acier est estimé à environ 30 millions d'euros pour l'année 2018. Pour quel résultat, au regard de l'évolution de l'emploi évoquée précédemment ? Quel suivi de la stratégie de British Steel - ou de Greybull - sera mis en place, alors que ce groupe vient de reprendre Ascoval avec plus de 47 millions d'euros de prêts de l'État, de la région et de Valenciennes Métropole ? Quelle sera l'intervention de l'État et de la région Hauts-de-France face à la stratégie de délocalisation du groupe Vallourec, en sachant que ce dernier a bénéficié de près de 750 millions d'euros de fonds publics ces dix dernières années, et alors que l'État en est le premier actionnaire ? Quel est le contrôle de l'utilisation du Crédit impôt recherche (CIR) chez le groupe ArcelorMittal, alors qu'il est l'un des derniers de la classe en termes de budget dédié à la recherche-développement, en comparaison avec les grands groupes sidérurgiques mondiaux ?

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