Intervention de Nadine Levratto

Délégation aux collectivités territoriales — Réunion du 23 mai 2019 : 1ère réunion
Audition d'experts sur « les collectivités territoriales leviers de développement pour les territoires ruraux ? »

Nadine Levratto, directrice de recherche au CNRS, Université Paris-Ouest Nanterre La Défense :

Je reviendrai ultérieurement sur votre intervention.

À l'opposé du troisième type de territoire, d'autres sont atypiques. Ils sont dits « à dynamique inversée ». Les territoires alentour ont une dynamique d'emploi supérieure à celle de la métropole. Strasbourg, Saint-Etienne ou Toulon en sont des exemples.

Outre la diversité des métropoles, nous observons une diversité dans les relations entre la métropole et les territoires alentour.

Nous avons également conduit une étude sur le cas du Grand Paris. La situation est encore plus complexe. En effet, le territoire est plus dense et représente 30% du PIB. Les effets d'entraînement sont concentrés au coeur de la métropole. Ils se diffusent le long de radiales suivant des logiques sectorielles sur le reste de l'Ile-de-France, voire au-delà des limites de la région.

Vous avez évoqué en introduction l'audition d'un expert qui critiquait fortement les métropoles. Nos résultats sont plus nuancés. Nous souhaitons avoir une vision typologique. Finalement, les effets d'entraînement métropolitain peuvent ou non s'exercer suivant les configurations, l'organisation et les ressources existantes.

Nous constatons également que des sauts spatiaux peuvent exister entre ce qui se passe dans la métropole et ce qui se produit au-delà des territoires qui la jouxtent.

Évoquons le cas de Toulouse. La métropole a une spécialisation industrielle forte : l'aéronautique. Les effets d'entraînement ne reposent pas sur une logique territoriale, mais sur une logique sectorielle. Ce n'est pas la métropole, mais l'aéronautique qui entraîne les autres territoires.

Nous travaillons actuellement sur un calcul fin de coefficient de localisation pour voir quels sont les compositions ou les secteurs liés susceptibles d'expliquer une partie des dynamiques métropolitaines.

Quid en dehors des territoires métropolitains et de ceux avoisinants ? Nous constatons la même diversité que sur les territoires évoqués précédemment : les villes moyennes ne sont pas en situation très favorable. Les problèmes économiques et sociaux qui n'ont pas manqué d'apparaître dans ces territoires attestent la difficulté de ces villes.

Rappelons que souvent un clivage existe. La localisation des territoires qui ne sont pas denses d'un point de vue économique impactera leur performance. Ainsi, il est préférable pour une commune d'être localisée dans la Loire-Atlantique que dans le Nord-Est de la France.

Ces villes moyennes ne sont pas en mesure d'influencer la structure économique de leur territoire. Elles subissent donc le climat environnant et, sauf exception, elles ont tendance à surfer sur la vague régionale dans laquelle elles sont insérées.

La conclusion principale de notre étude, au regard de ces diversités locales, est que la France est constituée d'une mosaïque de territoires avec de grands découpages spatiaux (phénomènes de clusterisation). Les territoires qui se ressemblent ont tendance à s'assembler. Cette logique d'autocorrélation positive prévaut. Néanmoins, nous remarquons également que des autocorrélations négatives se font jour.

Cette grande structure spatiale est constituée de la diagonale du vide qui continue d'être observée (ce cône allant du Nord-Est au Sud-Ouest de la France, robuste à l'analyse sur la base de différents indicateurs), des effets côtiers qui demeurent très puissants et de certaines vallées toujours favorables, telles que le sillon rhodanien.

Soulignons que les territoires ont été frappés par la crise globale de 2008-2009. Leur résilience ou leur rétablissement obéit également à une logique spatiale et un effet dynamique qu'il est important d'observer. Cette résilience peut laisser apparaître des îlots de meilleures situations, y compris dans des régions en difficulté, et réciproquement des îlots de moindre résilience dans des régions qui se portent bien du point de vue de l'emploi.

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