À titre personnel, je suis opposée à cet article comme à cet amendement, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, je pense qu’on prend un peu de haut la réalité démocratique dans notre pays, qui s’incarne non seulement dans des idées, mais aussi, qu’on le veuille ou non, dans la personnalité des femmes et des hommes qui vont les défendre. Je ne suis donc pas opposée par principe, dans le monde qui est le nôtre, c’est-à-dire le monde des médias et de l’image, que chacun apprécie ou pas, à ce qu’il puisse y avoir la photographie du ou des candidats sur le bulletin de vote.
Ensuite, et c’est là, d’ailleurs, toute l’ambivalence de l’article et de l’amendement, on interdit la photographie de personnes qui ne sont pas candidates dans la circonscription en question. Mes chers collègues, faire fi aujourd’hui de cette problématique de l’image est, à mon avis, une erreur. Pour caricaturer un peu, je dirai qu’une telle interdiction renforce les partis dominants, qui, parfois, n’ont pas besoin de cela. En tout cas, une telle disposition n’est pas bénéfique pour l’identification démocratique que j’évoquais précédemment.
Enfin, M. Masson déclare de façon un peu populiste à mon goût, ce qui ne sert pas notre démocratie, qu’il y aurait de nombreuses tractations politiques à l’issue des premiers tours. C’est vrai, nous le savons tous, des accords peuvent se conclure, de façon publique, ce qui contribue à la vie démocratique en permettant des alliances sur des programmes et des personnes. Justement, si on veut éviter toute interprétation, autant savoir, dès le début, qui sera le candidat à la présidence de l’exécutif départemental ou régional que l’on soutient.
Finalement, vous en appelez à une plus grande transparence, au nom de la démocratie, mais votre argument ne me convainc pas, mon cher collègue. Je crois que nous avons plus que jamais besoin, à l’aube d’élections municipales, départementales, régionales, de connaître les engagements dès le début : une fois que je serai élue conseillère municipale sur cette liste, une fois que je serai élue conseillère départementale au scrutin uninominal, je voterai pour telle ou telle personne pour la présidence de l’exécutif. Je ne vois pas en quoi il y a malice, remise en cause de la démocratie…