Mesdames et Messieurs, chers collègues parlementaires, chers auditeurs de l'Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST), je voudrais vous souhaiter la bienvenue dans cette salle Médicis. Nous n'avons jamais été aussi riches en effectifs que ce matin grâce à votre participation, en votre qualité de représentants de la treizième session des auditeurs de l'IHEST. Cette salle Médicis en général, sert de cadre aux réunions de commissions ou du groupe le plus important de notre assemblée, mais ce matin nous vous écouterons pour l'essentiel.
En attendant l'arrivée de Cédric Villani, premier vice-président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), je vous présenterai cet Office.
Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, la compétence n'est pas nécessaire pour exercer un mandat politique et nous ne sommes pas nécessairement compétents parce que nous avons été élus. Le législateur, s'interrogeant sur le moyen de faire coïncider un minimum de compétence et de légitimité démocratique, a donc créé l'OPECST il y a trente-six ans. La loi de 1983 a entendu créer un office bicaméral réunissant dix-huit sénateurs et dix-huit députés représentant chacune des commissions et avec une représentation proportionnelle à la taille des groupes politiques. Le président et le premier vice-président ont la responsabilité d'équilibrer cette composition bicamérale. L'Office parlementaire a pour mission d'évaluer l'état de l'art sur divers sujets scientifiques. Il est saisi de plusieurs manières, la plus rare étant la saisine législative, lorsqu'une loi prévoit qu'il conviendra de le consulter. C'est ce qu'ont prévu par exemple les lois dites de bioéthique.
Le deuxième mode de saisine émane des commissions ou du Bureau de chacune des deux assemblées, sur des sujets parfois très complexes. Tel a été le cas récemment, à l'initiative de la commission des affaires européennes et de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, sur une évaluation des méthodes d'expertise des agences françaises et européennes intervenant pour se prononcer sur les risques attachés à certains produits.
Nous avons par ailleurs un autre type d'intervention, correspondant à une initiative de Cédric Villani plus récente et tenant à la rédaction de notes scientifiques sur des sujets extrêmement variés. Ce type de document demande un travail très intense pour le parlementaire qui la prend en charge, afin d'éclairer ses collègues parlementaires. À titre d'exemple des dernières notes produites par l'Office, je citerai celles relatives aux technologies quantiques, au stockage de l'électricité, ainsi qu'à l'huile de palme.
Enfin, pour participer à l'actualité, l'Office parlementaire organise des auditions d'experts, qui viennent nous dire ce qu'ils pensent d'une situation. Tout récemment, nous l'avons fait à la demande de Cédric Villani pour déterminer ce que peuvent apporter les scientifiques dans l'analyse des conditions optimales de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Tous ces travaux ont pour objet essentiel d'éclairer les prises de position de nos collègues parlementaires et ils sont appréciés par ceux-ci, qui constituent notre premier public. En contrepartie ceci nous oblige à être les plus patients et les moins passionnés des parlementaires, ce qui n'est pas, en général, la caractéristique des hommes et des femmes politiques. L'Office parlementaire, en dépit de nos différences de convictions, de tempéraments et de projets, parvient à travailler ensemble en s'écoutant et en écoutant les autres.
Vous formez ce matin un témoignage extérieur de l'importance des sciences et technologies car vous êtes ici rassemblés dans le cadre de l'IHEST, fondé par l'ancien ministre de la recherche, François Goulard. Vous rendez aussi hommage au ministère de la défense, qui a institué, il y a déjà longtemps de cela, l'Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), le premier institut de ce type. L'idée était d'élargir l'influence de cet Institut dans toutes sortes de domaines. Je suis convaincu que l'IHEST obtiendra le même résultat, et que des personnes possédant des expériences aussi diverses que celles d'universitaires, cadres d'entreprise, fonctionnaires locaux ou journalistes apporteront leur contribution à faire connaître la science en ce qu'elle a de plus prometteur.
Vous avez choisi pour nom de votre promotion Elinor Ostrom, universitaire américaine, première femme à avoir obtenu un prix Nobel d'économie pour ses travaux sur la gouvernance des biens communs. Il s'agit évidemment d'un sujet d'une actualité permanente.
Je salue ceux qui accompagnent cette promotion. Jean-François Pinton, vous êtes président de l'École normale supérieure de Lyon, ce qui représente une très belle responsabilité. Vous présidez le Conseil d'administration de l'Institut, dont j'accueille également la directrice, Madame Sylvane Casademont. Nous accueillons en outre les membres du jury, c'est-à-dire Madame Rosa Issolah, Monsieur Xavier Givelet et Monsieur Olivier Fronty, Madame Dominique Gillot, que nous connaissons bien pour avoir travaillé sur le thème de l'intelligence artificielle, étant malheureusement absente ce matin. Le thème de l'intelligence artificielle a d'ailleurs été remis au goût du jour avec beaucoup d'autorité intellectuelle et de succès, par Cédric Villani.
C'est la première fois que nous avons cette rencontre, et nous sommes tout à fait heureux de penser que la science fréquente le Parlement, en l'espèce le Sénat, qui est une maison du temps long. Nous avons l'immense avantage de la sérénité et de l'expérience, ce qui nous procure toute liberté pour nous consacrer à la diffusion de la connaissance scientifique auprès du public de parlementaires dont nous avons la charge. En ce qui me concerne, je trouve particulièrement approprié que la politique accueille des personnes ayant fait autre chose, au cours de leur carrière, que de serrer des mains.