Intervention de Sébastien Folin

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 7 février 2019 : 1ère réunion
Représentation et visibilité des outre-mer dans l'audiovisuel public — Table ronde sur la production audiovisuelle outre-mer

Sébastien Folin, producteur associé, La Belle Télé :

Olivier Drouot et moi-même dirigeons la société La Belle Télé et produisons des programmes pour France Télévisions et d'autres chaînes, notamment pour France Ô, sur laquelle je présente des émissions. Je suis ainsi l'une des têtes d'affiche, comme Greg Germain, de cette chaîne amenée à disparaître.

La fin de France Ô me semble actée. Quand sa fermeture a été annoncée, il a été indiqué que désormais l'ensemble des territoires d'outre-mer rayonnerait sur l'ensemble des chaînes du service public. Il faut toutefois savoir de quelle manière. Cela se traduira-t-il par une vision de carte postale de l'outre-mer, avec un prime time par mois sur les plages de Bora-Bora, le lagon de Mayotte ou les montagnes de La Réunion, ou montrera-t-on enfin les régions d'outre-mer comme les autres régions de France, en parlant d'éducation, de technologies, de santé et d'autres sujets concernant l'ensemble de la société ? Là est la principale question et il faut un cadre précis pour éviter que cette exigence ne dépende que du bon vouloir des dirigeants des chaînes.

Actuellement, quand nous demandons aux dirigeants de France Ô comment placer des sujets culturels ou sociétaux, ils ne savent pas nous répondre, et je ne sais pas s'ils le sauront un jour. Les producteurs sont dans l'expectative et s'interrogent donc, qu'ils soient situés en outre-mer ou qu'ils travaillent en coproduction.

Nous nous dirigeons vers un prime time mensuel et une nuit annuelle de l'outre-mer. Dans l'audiovisuel, le nerf de la guerre, ce sont les cases. Tant qu'il n'existera aucune obligation concernant des cases précises sur tous les sujets - culture, divertissement, société, découverte -, tout dépendra du bon vouloir des dirigeants des chaînes. Le projet prévoit qu'un pôle outre-mer réceptionne toutes les propositions sur tous ces sujets, puis les trie et les présente aux autres unités, qui décideront, selon leur vision de l'outre-mer, qui n'est pas forcément celle de spécialistes.

Actuellement, la télévision nationale montre les ultramarins sous deux aspects, l'aspect exotique et, aux actualités, l'aspect effrayant, quand des personnes mécontentes brûlent des palettes. En effet, notre situation sociale est dramatique. L'outre-mer ne se limite pourtant pas à cela et tant que nous resterons ainsi stigmatisés les troubles continueront. Il en va donc de la représentation des ultramarins au niveau national.

Cela nous amène aux questions de la diversité, qui m'intéressent au premier chef puisque je siège à l'observatoire de la diversité du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Quelques progrès sont à noter, mais les outre-mer restent largement méconnus des Français de l'hexagone et des Français ultramarins pour les territoires qui ne sont pas le leur. La disparition de France Ô fera chuter les chiffres de la représentation de la diversité à France Télévisions, déjà peu élevés. La suppression de France Ô impactera la situation de quelque quatre cents personnes au siège de Malakoff.

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