Intervention de Murielle Thierrin

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 7 février 2019 : 1ère réunion
Représentation et visibilité des outre-mer dans l'audiovisuel public — Table ronde sur la production audiovisuelle outre-mer

Murielle Thierrin, vice-présidente de l'Association des producteurs de Guyane (GCAM), membre du SPACOM :

Je suis productrice en Guyane et vice-présidente de la GCAM. J'ai près de vingt années d'expérience sur des films de fiction et des séries, des films comme « 600 kilos d'or pur », « La Loi de la jungle » ou la série « Guyane ». Je parlerai donc surtout des fictions.

Je ne me reconnais pas dans certains propos, qui me donnent l'impression d'être réduite à une Française de seconde zone. Or, guyanaise, je veux être reconnue comme française, avec une culture différente, comme les Bretons et les Corses. Je ne veux pas d'une chaîne dédiée, sans ligne éditoriale, mais des prime times qui nous ressemblent sur France 2 et 3. Quant à la fermeture de France Ô, les promesses n'engagent que ceux qui y croient.

M. Greg Germain, il y a quinze ou vingt ans, j'ai suivi votre débat et vos efforts. J'ai fait partie des jeunes gens choisis pour assurer la diversité. Je « faisais bien » sur la photographie. Je rejoins aujourd'hui mes collègues du SPI pour souligner qu'il faut obliger France Télévisions à tenir compte de nous, en leur imposant des quotas, des obligations, avec des pénalités ou des bonus. L'argent est important, donc des sanctions doivent être prévues, afin que nous soyons représentés.

Quant aux oeuvres ultramarines, je souhaite avant tout que notre filière se développe. Nous sommes désormais structurés, avec des techniciens et des scénaristes. Nous pouvons écrire et produire. La centralisation à Paris nous pose cependant problème. Nous ne pouvons pas casser le plafond de verre existant et parvenir à accéder à France Télévisions.

Il faudrait notamment que les producteurs métropolitains venant tourner dans les régions ultramarines soient tenus à une obligation de faire de la coproduction avec des structures locales, dans un esprit de compagnonnage, sans se limiter à la production exécutive.

De plus, en Guyane et dans les Antilles, aucun producteur n'accède au compte automatique. Nous n'existons donc pas. Quant aux dossiers présentés au CNC, ils se limitent chaque année à un ou deux documentaires, sans aucune fiction. Il faudrait un programme mené avec le CNC que France Télévisions aurait l'obligation de relayer.

Des quotas sont également nécessaires. Nous pourrions aussi imaginer des contrats d'objectifs impliquant des partenariats avec des producteurs venus de métropole.

S'agissant de la commission à l'aide sélective pour les oeuvres cinématographiques intéressant les cultures d'outre-mer au sein du CNC, ses membres n'ont presque pas changé depuis douze ans, bien que les mandats se limitent normalement à deux ans. Elle comptait initialement très peu de professionnels venus de l'outre-mer, car nous avions encore besoin de nous structurer. Les projets restent donc jugés par des personnes sans rapport avec l'outre-mer. J'ai ainsi présenté un sujet qui a été refusé au motif qu'il n'était pas représentatif de l'outre-mer. La commission s'attendait à un projet plus exotique, montrant la mer et des cocotiers.

Par ailleurs, dans l'esprit de l'opération 1 000 talents de France Télévisions, nous suggérons une opération sur les 100 talents de production issus de l'outre-mer.

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