Je voterai ce rapport des deux mains, même si je m'interroge encore sur certains points. Je suis favorable à un ministère de l'industrie ; c'est un scandale qu'il n'y en ait pas. Mieux vaut faire le boucher que l'agneau, or nous subissons l'ensemble des situations ! M. Jean-Pierre Floris, délégué interministériel aux restructurations d'entreprises, ne règle pas les situations : autant aller au cimetière ! Je l'ai rencontré avec deux délégations, cela n'a servi à rien, lorsqu'il avoue d'emblée ne rien pouvoir faire...
Nous avons besoin d'un ministère de l'industrie pour définir et conduire une politique sur tous les sujets d'avenir, comme l'intelligence artificielle, le numérique, l'automobile, etc. Ainsi, c'est maintenant que se joue l'avenir de la voiture autonome. Si nous ratons le virage, nous serons dépendants des Chinois ou des Américains ! Il convient aussi d'anticiper et non d'attendre que les difficultés apparaissent. Chacun savait que l'usine Ford de Blanquefort était en sursis, en dépit des subventions publiques, car l'activité de boîtes de vitesse est menacée.
Il faut aussi poser la question de la concurrence libre et non faussée. Si celle-ci est un dogme intangible, si tout est marché et que rien ne peut se réguler, alors nous devrons nous résoudre à ne plus produire d'acier en Europe. Les éleveurs européens sont préoccupés par la signature du traité de libre-échange avec le Mercosur, mais les Brésiliens sont aussi inquiets à cause de la concurrence de l'acier européen, car leur marché est déjà en surcapacité.
Allons-nous instaurer une taxe carbone aux frontières de l'Europe ? Allons-nous créer des champions européens, non sur le modèle Alstom-Siemens, mais avec des véritables projets soutenus par un État actionnaire ?
M. Longuet a fait l'éloge du libéralisme. Selon lui, l'État serait plus efficace comme régulateur que comme actionnaire majoritaire d'entreprises publiques. Depuis 1986, il y a eu 1 500 privatisations en France. Force est de constater que la réalité est plus complexe. Ainsi, on a démantelé France Telecom et l'État s'est désengagé du secteur : résultat, dans la 5G, on est tributaires de l'américain Qualcomm et du chinois Huawei. L'enjeu est de savoir si nous saurons construire une filière industrielle.
De même, dans l'énergie, comment ferons-nous demain, quand EDF aura été démantelée et que l'on s'en sera totalement remis au marché, alors que nous devons accompagner nos entreprises dans la transition énergétique ? On est en train de nationaliser les pertes de la filière nucléaire et de privatiser les gains liés à la production d'électricité renouvelable. Aujourd'hui, on gère l'approvisionnement en électricité ; demain, nous aurons à gérer la pénurie... Ceux qui auront les moyens auront un accès sécurisé à l'énergie, les autres auront un accès à des conditions réglementées et donc plus limitées.