La DGLFLF n'a pas été associée aux réflexions autour du service national universel mais nous sommes partie prenante de l'agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI). Nous consacrons 1 million d'euros à des actions de lutte contre l'illettrisme par l'accès aux activités culturelles (théâtre, concours d'éloquence, contes, etc.). S'agissant des publics allophones, plusieurs ministères sont concernés mais le chef de filat n'est pas encore totalement stabilisé.
Les pactes linguistiques État-région permettent la mise en réseau des acteurs et de « faire cohésion » autour de la langue française, véritable ciment de la Nation. Nous commençons avec la région Nouvelle-Aquitaine, autour du festival des francophonies en Limousin, puis la région des Hauts-de-France avec la Cité de la francophonie de Villers-Cotterêts mais aussi les problématiques de l'illettrisme. La Réunion pourrait suivre.
La DGLFLF a lancé plusieurs actions sur le lien entre numérique et langues régionales : un appel à projets « langues et numérique » qui a permis de mobiliser 3,5 millions d'euros ; le projet de recueil des Trésors de la parole autour des langues régionales et des langues non territoriales, en lien avec la Bibliothèque nationale de France (BNF) et le centre national de la recherche scientifique (CNRS) ; un nouveau clavier qui intègre les signes diacritiques de la langue française et des langues régionales ; la création du dictionnaire des francophones dans une démarche collaborative ; etc.
Dans l'enseignement supérieur, le texte de la loi Fioraso est relativement strict sur les cas de dérogation à l'enseignement en langue française et il prévoit en contrepartie une obligation de cours de français. Malheureusement, le ministère de la culture n'est pas informé des dérogations effectivement accordées et il est indispensable que nous établissions un état des lieux en lien avec le ministère chargé de l'enseignement supérieur. Sachez que nous organisons, le 15 novembre prochain, à l'Institut de France, un grand colloque sur le français dans les sciences.
Le CESE a publié un avis très intéressant sur les langues régionales dans les territoires hors hexagone et, en 2021, dix ans après la déclaration de Cayenne, nous organiserons une nouvelle grande rencontre à La Réunion. Ceux d'entre vous qui le souhaitent pourront être associés au comité de pilotage.
J'ai été navré d'apprendre que l'AFD avait choisi, pour promouvoir l'Afrique, le slogan « Choose Africa » : nous devons tous faire preuve d'exemplarité linguistique, y compris les opérateurs de l'État.
« Une langue pure, ça pue » dit Barbara Cassin. La notion de pureté est étrangère à l'évolution d'une langue. C'est l'Académie française, et non le ministère de la culture, qui a pleine autorité pour en fixer les règles, et c'est bien ainsi. Les concours d'éloquence sont un très bel outil pour développer le goût et la maîtrise de la langue par nos jeunes. La semaine de la langue française, qui a lieu chaque année autour du 20 mars, est encore trop peu connue : nous souhaitons mieux l'organiser et l'incarner par des personnalités marquantes du monde de la culture.
200 millions d'euros de travaux sont prévus sur le site de Villers-Cotterêts. La DGLFLF est impliquée sur le volet scientifique de ce projet, dont le pilotage a été confié au Centre des monuments nationaux. Il ne s'agira pas d'un musée à proprement dit mais plutôt d'un laboratoire, intégrant un parcours permanent, un espace d'expositions temporaires, un auditorium ainsi que des actions délocalisées en région.
La DGLFLF dispose chaque année d'un budget de 3 millions d'euros de crédits d'intervention et elle comporte 27 personnels : cela est suffisant pour accomplir nos missions. Nous sommes une administration de mission et non de gestion. Notre rôle est de coordonner et de fédérer pour réaffirmer la place essentielle de la langue française au sein des politiques publiques.
S'agissant de l'écriture inclusive, la circulaire du Premier ministre est très claire. À titre personnel, je considère que son instauration serait catastrophique, conduisant à discriminer selon le genre au lieu de réunir.
Mme Catherine Morin-Desailly, présidente. - Il nous faudra faire le bilan d'application de la loi Toubon.
D'année en année, France Médias Monde voit son budget diminuer, or cette entreprise porte la francophonie à travers le monde ! De même, les instituts français, les alliances françaises, connaissent des situations budgétaires critiques. Je regrette qu'il n'existe aucune plateforme numérique rassemblant les contenus de l'audiovisuel public (Radio France, France Télévisions, l'INA, France Médias Monde, etc.).
Enfin, sachons distinguer enrichissement et envahissement : aujourd'hui nous subissons un véritable envahissement culturel et linguistique, via les GAFAM. L'Europe doit absolument développer ses propres outils.
La réunion est close à 11 h 25.
- Présidence de Mme Catherine Morin-Desailly, présidente -
La réunion est ouverte à 16 h 10.