Intervention de Édouard Philippe

Réunion du 9 juillet 2019 à 14h30
Questions d'actualité au gouvernement — Grève des professeurs lors du bac

Édouard Philippe :

Le bac, c’est important, non pas simplement parce que c’est un examen qui vient sanctionner la fin de la scolarité dans l’enseignement secondaire, mais parce qu’il est la voie d’entrée dans l’enseignement supérieur. Pour nombre de nos concitoyens, le bac, c’est le moment où l’on accède à une forme non pas de majorité légale, celle-ci dépend de l’âge, mais de majorité intellectuelle. Avec l’obtention du bac, on franchit une étape particulière, non seulement symbolique, mais aussi de savoir.

Nous avons tous eu au moment de passer le bac ou au moment où nos enfants passent le bac– ce n’est pas le cas pour moi, les miens sont trop jeunes – un sentiment d’angoisse et de fierté. Nous connaissons tous des Françaises et des Français qui sont les premiers de leur famille à avoir eu le bac. Je n’ai jamais vu celui qui était le premier dans sa famille à avoir eu le bac ne pas en concevoir une immense fierté.

Chacun le comprend, pour les élèves et leurs familles, cet examen est un moment de fierté et, parfois, d’angoisse. Or les conditions dans lesquelles se sont déroulées les épreuves du baccalauréat en 2019 sont à bien des égards insatisfaisantes, dans la mesure où des revendications, que je ne commenterai pas, ont été formulées.

Formuler des revendications lorsque l’on est fonctionnaire, enseignant, ou même lorsque l’on n’est ni fonctionnaire ni enseignant, ce n’est pas illégitime. Toutefois, dans le cas qui nous occupe, les revendications formulées ont été associées, pour une infime minorité d’enseignants, monsieur le président Malhuret, à la menace d’une perturbation des épreuves : il s’agissait de ne pas se présenter dans les centres d’examen, puis de gêner l’accès aux centres d’examen, puis de ne pas corriger les copies, puis de ne pas rendre les copies corrigées. Bref, on a installé du désordre et de l’angoisse dans un moment qui mérite mieux que cela.

Ces agissements d’une infime minorité – je le dis très clairement, monsieur le président Malhuret – ne sont pas à la hauteur de la mission exceptionnelle qui revient à tous les enseignants de notre République. Le ministre de l’éducation nationale a adopté à juste titre une position ferme et déterminée, afin que ce bras de fer – ceux qui en subissent les conséquences sont non pas le ministre ou vous-même, monsieur le président Malhuret, ni moi-même, mais bien les élèves qui passent le bac – ne s’achève pas par une victoire de ceux qui veulent perturber l’organisation d’un moment aussi important. Il a bien fait, et je lui apporte évidemment tout mon soutien, car nous devons faire en sorte que cet examen et ceux qui le passent soient respectés.

Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour dire que ce choix d’une petite minorité, qui ne me semble pas à la hauteur, ne doit pas masquer l’exceptionnel travail d’une immense majorité, laquelle peut partager les interrogations de cette petite minorité et être opposée à tel ou tel aspect de la politique menée par le ministre de l’éducation nationale et le Gouvernement, mais qui considère qu’un enseignant doit transmettre un savoir et donner l’exemple. Ainsi, monsieur le président Malhuret, je veux saluer tous ceux qui ont considéré que l’essentiel, pour faire leur métier et aider leurs élèves, était de transmettre un savoir et de donner l’exemple.

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