Intervention de Jean Bizet

Commission des affaires européennes — Réunion du 4 juillet 2019 à 8h30
Recherche — Politique spatiale : rapport d'information proposition de résolution et avis politique de mm. andré gattolin et jean-françois rapin

Photo de Jean BizetJean Bizet, président :

Nous allons examiner aujourd'hui une politique tout à fait stratégique pour l'Union européenne : la politique spatiale. L'espace fera toujours rêver les hommes. Si les premiers pas sur la Lune ont ému l'humanité entière, la conquête spatiale reste un horizon pour toutes les grandes puissances.

Or le spatial européen est en crise : pour la première fois depuis quinze ans, le secteur enregistre une baisse d'activité en Europe, qui tranche avec l'envolée des investissements en Chine et aux États-Unis, où l'on s'enthousiasme autour des projets de lanceurs et de constellation spatiale des milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos, soutenus par l'État.

Lors de sa récente rencontre avec le groupe Airbus, le bureau de notre commission a été sensibilisé à cette situation. Le risque nous est apparu que l'Union européenne se retrouve bientôt dépourvue, comme elle l'est pour la 5G en matière de composants électroniques et d'architecture en nuage. Jean-François Rapin et André Gattolin vont nous expliquer comment la fragmentation européenne sur le dossier du spatial nous fragilise et nous montreront l'enjeu qu'il y aurait pour l'Europe à investir massivement dans la co-construction de projets de recherche avec les industriels. En effet, il n'y a plus un seul secteur économique aujourd'hui qui n'utilise pas le spatial.

Le domaine spatial est donc un volet déterminant pour la souveraineté de l'Union européenne et, particulièrement, pour son autonomie en matière de défense. À ce titre, le probable retrait du Royaume-Uni serait une catastrophe pour le secteur spatial : le Royaume-Uni est en effet un acteur majeur de ce secteur avec notre pays, l'Allemagne et l'Italie. Les fusées sont constituées d'éléments construits dans différents pays de l'Union européenne, en fonction de leurs compétences et de leur spécialisation, et ces éléments, grâce à la libre circulation, convergent vers un lieu unique où ils sont ensuite assemblés. Dans l'hypothèse du Brexit, les biens et marchandises devront passer par les douanes, avec les taxes et retards qui vont avec. L'Union européenne aurait donc fort à perdre si le Brexit n'était pas suivi d'un accord de coopération approfondi en ce domaine avec le Royaume-Uni, dans l'intérêt de tous.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion