Intervention de Maurice Antiste

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 9 avril 2019 : 1ère réunion
Représentation et visibilité des outre-mer dans l'audiovisuel public — Présentation du rapport d'information

Photo de Maurice AntisteMaurice Antiste, rapporteur :

Vous l'avez dit, monsieur le président, nous souhaitions dresser un état des lieux précis de la situation. Cet état des lieux est une nécessité pour que le débat puisse se dérouler sur des bases saines et objectives, non sur des émotions ou rumeurs et dans la confusion.

Ce constat que nous avons dressé s'articule autour de trois axes :

- le dynamisme réel du réseau des stations La 1ère ;

- l'absence des outre-mer dans les chaînes publiques ;

- la place controversée de France Ô dans le paysage audiovisuel national.

Je commencerai par les conclusions que nous tirons concernant le réseau ultramarin.

Ce réseau s'est construit de manière progressive et je ne vais pas ici vous en tracer l'historique complet que vous trouverez dans le rapport. Il est né à partir des premières radios locales - et je salue nos collègues de La Réunion qui étaient les pionniers en 1929 - qui ont été progressivement réunies en une société commune - longtemps la même que celle dédiée aux anciens territoires français d'Afrique -, avant l'intégration au sein d'une société rattachée à l'ORTF et l'arrivée de la télévision.

Ensemble mais à part, ces stations ? Sans doute. Intégrées au sein de FR 3 DOM-TOM à partir de 1975, elles sont à nouveau distinguées dans une société autonome, RFO à partir de 1982.

En 2005, alors que les chaînes publiques - France 2, France 3, France 4 et France 5 - sont déjà réunies au sein de la holding France Télévisions, RFO intègre ce groupe, et le réseau avec. Les chaînes RFO deviennent les neuf stations La 1ère que chaque ultramarin connaît bien.

Cette intégration n'a pas été sans heurt et, si greffe il y a eu, force est de constater que celle-ci n'a pas pris. Le pôle outre-mer de France Télévisions, qui réunit le réseau des chaînes La 1ère et France Ô, demeure bien à part, comme si le périphérique qui le sépare du siège de France Télévisions était une frontière infranchissable.

Ce réseau a toujours eu pour mission, de concrétiser, par l'audiovisuel, ce beau concept de « continuité territoriale » entre l'hexagone et nos territoires, partout à travers le monde. Cela était même inscrit aux cahiers des charges.

Celle-ci a très bien fonctionné vers les territoires et les stations rediffusaient les programmes des grandes chaînes nationales. Cela ne s'est pas fait vers l'hexagone, et les contenus des stations sont trop peu souvent arrivés sur les écrans hexagonaux.

Je parlais des stations en disant tout à l'heure que chaque ultramarin les connaît bien. Oui. Les ultramarins que nous sommes pour beaucoup d'entre nous connaissent ces chaînes qui sont dans la quasi-totalité des territoires la première chaîne du paysage audiovisuel local, aussi bien en télévision qu'à la radio.

Ces chaînes sont toutes aujourd'hui décrites comme des modèles de médias locaux, à juste titre. Même si leurs moyens sont contraints tant en termes d'effectifs que de budgets de production, ces stations ont réussi à prendre le tournant du numérique.

Nous avons entendu l'ensemble des directeurs des neuf stations, à Paris et pour certains en visioconférence. Ils ont eu l'occasion de présenter leurs stratégies éditoriales, notamment comme chaînes généralistes de proximité.

Tous ont pu nous expliquer combien le média global - à savoir la combinaison de la radio, de la télévision et d'internet - était une réalité dans leurs stations. Le numérique est venu en complément des deux médias traditionnels, obligeant à repenser les méthodes de travail et à unifier les médias.

Les stations ont réussi ce pari et leur dynamisme pour faire vivre un réel service public local est à saluer.

Mais ce dynamisme local du réseau ultramarin est à opposer à une autre réalité : l'invisibilité des outre-mer dans les chaînes nationales.

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