Intervention de Jean-Marie Bockel

Délégation aux collectivités territoriales — Réunion du 27 juin 2019 : 1ère réunion
Table ronde « le patrimoine historique et culturel des collectivités territoriales »

Photo de Jean-Marie BockelJean-Marie Bockel, président :

Nous allons commencer cette table ronde consacrée aux différentes problématiques autour de la notion de patrimoine. Je tiens d'abord à remercier mes collègues présents ce matin, en cette période de fin de session parlementaire, ainsi que les personnes qui s'exprimeront devant notre assemblée.

Les différentes thématiques autour du patrimoine sont présentes de manière récurrente dans nos travaux, notamment la question des relations entre les élus et les Architectes des Bâtiments de France, qui suscitent tant des réactions laudatrices qu'agacées.

Conformément aux évolutions législatives, nous ne détenons aujourd'hui aucun autre mandat politique que celui de sénateurs. Toutefois, par le passé, nous avons aussi été maires ; ces questions nous sont donc familières. Certains se sont trouvés dans des situations conflictuelles, souvent en raison d'incompréhensions mutuelles, tandis que d'autres ont tenté de trouver des terrains d'entente. Je peux en témoigner : les compromis nécessitent de prendre du temps.

La situation n'est pas parfaite, je déplore notamment l'absence de la Fondation du Patrimoine parmi nous. Un document sera établi dans le cadre d'un travail plus large sur cette thématique.

Je tiens à accueillir les invités qui interviendront ce matin, et tout d'abord les représentants de Sites et Cités remarquables de France, association présidée par Martin Malvy, un ami de longue date avec qui nous étions ministres au sein d'un gouvernement sous la présidence de François Mitterrand. Chaque fois que je sillonne les chemins de Compostelle - ce que je m'apprête à faire cet été encore -, je ne peux qu'admirer Figeac, qui est un modèle à bien des égards. Martin Malvy est un homme d'influence dans le bon sens du terme. Son association sera représentée par Marie-Annick Bouquay, de la mairie de Vitré, Patrick Geroudet, de la mairie de Chartres et Jonathan Fedy, chargé de mission. La ville de Chartres fait d'ailleurs l'objet d'un travail mené conjointement par Rémy Pointereau ici présent et Marcel Rouquin.

Ensuite, l'Association Nationale des Architectes des Bâtiments de France sera représentée par Saadia Tamelikecht, qui dirige l'Unité départementale de l'architecture et du patrimoine (UDAP) de Seine-Saint-Denis, un département de contrastes, et par Hélène Lebedel, membre du Conservatoire régional des monuments historiques (CRMH) de la région Centre-Val-de-Loire.

Enfin, Laurent Mazurier représentera l'association Petites cités de caractère, qu'il dirige.

D'un point de vue historique, la démarche patrimoniale est assez récente. Le tournant majeur se situe entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, période durant laquelle de nombreux débats concernaient les places respectives occupées par l'Église et l'État. Il semble qu'aujourd'hui l'opinion publique prenne toute la mesure des enjeux réels autour de la notion de patrimoine. Le succès de l'émission télévisée animée par Stéphane Bern à propos des plus beaux villages de France témoigne de cet intérêt. Je ne peux que me réjouir de cette tendance.

À titre personnel, j'ai été le maire de Mulhouse, en Alsace. Au XIXe siècle, cette commune a été quasiment entièrement détruite à l'occasion des divers projets d'aménagement urbain mis en place. De tels constats étaient très courants à cette période car aucune réelle attention n'était portée au patrimoine.

Au début de mon mandat de maire, il y a une trentaine d'années, le réflexe était resté le même, certains souhaitant détruire les vieux quartiers du Moyen-Âge, perçus comme dérangeants. J'ai vécu un tournant des mentalités avec la prise de conscience de la dimension patrimoniale et historique.

Ce changement est allé de pair avec certains conflits assez durs, notamment avec les Architectes des Bâtiments de France, personnes de caractère, qui parfois adoptent une approche dure dans l'exécution de leur mission. Cette attitude est probablement leur manière de réagir face à des projets qu'ils ressentent comme des rouleaux compresseurs. À l'inverse, les élus politiques locaux peinent quelquefois à considérer la dimension patrimoniale dans le cadre de leurs projets d'aménagement.

Malgré cela, plus personne ne conteste aujourd'hui le bien-fondé de l'administration des Architectes des Bâtiments de France au sein du monde politique. Ses fonctions sont absolument essentielles. Les quelques critiques qu'elle suscite expriment davantage une demande de dialogue qu'une remise en cause de son existence.

Au cours de mon expérience, j'ai réussi à trouver des terrains d'entente à de multiples occasions.

Nous commencerons par entendre les représentants de l'association Sites et Cités remarquables de France, puis le représentant de l'association Petites cités de caractère de France, avant de terminer avec les représentantes de l'Association Nationale des Architectes des Bâtiments de France.

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