Je salue un rapport très instructif, et très important. L'équilibre entre le yuan et le dollar est très subtil : les deux pays se tiennent, si j'ose dire, par la monnaie. Et le temps joue en défaveur de l'Union européenne.
Dans les Balkans, beaucoup de pays ont conclu un contrat d'association avec l'Union. Ils doivent comprendre qu'ils ne peuvent pas choisir à la carte, en faisant passer leur intérêt immédiat avant les valeurs de l'Union européenne. D'ailleurs, les règles en matière de marchés publics ne sont pas là pour les gêner mais pour leur éviter de faire des erreurs. À Belgrade, la Banque européenne d'investissement avait clairement exposé les dangers des offres chinoises, même si les projets à exécution rapide qu'elles comportent peuvent être attirants au premier abord.
Je me réjouis que l'Union européenne soit sortie de sa naïveté. En dix-huit mois, elle a pris un règlement sur les investissements directs étrangers pour protéger ses filières stratégiques. Nous avons accueilli la Chine à l'OMC parce qu'il fallait le faire, et, dans les premières années, elle s'est très bien comportée. Ensuite, elle a parasité le système de l'intérieur, au point de casser le multilatéralisme - sur ce point, les États-Unis ont raison, même s'ils doivent aussi comprendre que nous avons besoin d'un organe de règlement des différends. L'Union européenne doit être un acteur, pas uniquement un spectateur. D'où l'intérêt de la position du Sénat sur Huawei : nous devons gagner du temps pour surmonter le différentiel de compétitivité.
Ce ne sera pas notre dernier débat sur ce sujet...