Intervention de Cédric O

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 24 juillet 2019 à 9h30
Audition de m. cédric o secrétaire d'état au numérique

Cédric O, secrétaire d'État :

Un mot sur le contexte. Je l'ai dit, ces termes, inappropriés, ont été utilisés lors d'une conversation que je pensais personnelle avec un journaliste. Dans mon esprit, je ne fais pas de différence entre conseil de l'ordre et conseil déontologique, mais j'aurais dû utiliser des termes plus précis.

Néanmoins, ce sujet demeure d'actualité. Je ne parle pas là des fausses informations, qui sont une partie du problème. Car, aujourd'hui, des acteurs financés par des puissances étrangères ont comme objectif avoué de déstabiliser la démocratie française et de parvenir à ce qu'un parti en particulier accède au pouvoir. Ces sites ne font rien d'illégal, mais ils juxtaposent deux informations entre lesquelles les lecteurs vont établir un lien. Exemple fictif : en écrivant que mon beau-frère travaille chez Bouygues et que cette entreprise vient de remporter un marché de 500 millions d'euros avec l'État français, je sème le doute. Allez consulter ces sites et vous verrez que c'est systématique. Je précise cependant que je n'ai pas de beau-frère...

L'État ne doit pas intervenir pour réguler l'information dans le but d'éviter toute manipulation ; cela relève de la déontologie journalistique. Deux attitudes sont possibles : soit l'on considère que la question se pose - on ne peut pas nier que les élections américaines ont été significativement influencées par ces acteurs -, et c'est aux journalistes de s'y attaquer ; soit l'on considère qu'il n'y a pas problème et qu'il ne faut rien faire par respect pour la liberté de la presse.

Pour ma part, je considère que ce problème de l'ingérence étrangère dans le débat démocratique français ne se règle pas sur le plan judiciaire, parce qu'il n'y a rien d'illégal fondamentalement. Mais des gens utilisent la liberté de la presse à des fins de déstabilisation de notre pays. C'est aux journalistes de s'en saisir, et non pas à l'État.

Les propos que j'ai tenus n'étaient pas l'expression d'un souhait ; c'était une analyse des processus en cours. Si les journalistes ne se saisissent pas de ce problème, je crains que, en fin de compte, les États démocratiques ne finissent par s'en saisir dans l'urgence de la situation. En cas de déstabilisation à deux jours d'une élection, la question du rôle de l'État se posera. Or celui-ci ne sait pas faire la différence entre une fake news et de la propagande.

Si j'avais voulu poser intelligemment ce problème, je ne l'aurais pas fait de cette manière-là. D'ailleurs, la levée de boucliers a été immédiate. C'est d'abord un sujet relevant du ministre de la culture, et je ne m'exprimerai plus là-dessus. Des propositions très intéressantes ont été faites sur le conseil de déontologie ; on peut également s'inspirer de ce qui se fait au Royaume-Uni et Belgique.

Encore une fois, au-delà des fausses informations, il est difficilement contestable que certains médias ont un but politique. Je fais une différence entre les médias politisés et les médias manipulés par une puissance étrangère.

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