Intervention de Michel Paulin

Commission d'enquête Souveraineté numérique — Réunion du 11 juillet 2019 à 14h00
Audition de M. Michel Paulin directeur général d'ovh

Michel Paulin :

Aux États-Unis, notre filiale est régie par le droit américain. À ce titre, elle respecte scrupuleusement la loi américaine. En revanche, nous avons fait en sorte que seule cette filiale soit soumise au Cloud Act,.et qu'elle ne dispose d'aucun accès aux données situées à l'extérieur des États-Unis : il s'agit d'un bastion isolé. L'accès ne serait tout simplement pas possible d'un point de vue technique : de ce fait, aucun agent américain ne pourra accéder aux données situées en dehors du territoire américain. Cet exemple est totalement unique dans notre activité, puisque l'ensemble des sociétés européennes de notre groupe est soumis aux mêmes règles. Le cas américain est donc à part.

Notre activité n'est pas concernée par les questions d'interopérabilité ou de portabilité. Pour autant, nous mettons en avant la réversibilité du stockage qui est fondamentale à l'heure actuelle. OVH se doit d'offrir à ses clients la possibilité de revenir en arrière - nous travaillons beaucoup avec OpenStack pour garantir cette réversibilité. À leur tour, nos clients offrent aux leurs cette même garantie. À ce titre, nous agissons comme un facilitateur. Sans la réversibilité, le risque est de mettre en place une situation de monopole de fait. Cela conduirait à ne laisser exister que les seules Gafa. Or OVH entend se positionner comme une alternative sérieuse à ces entreprises.

Nous ne souhaitons offrir que des services de cloud. Il nous paraît important de rester focalisés sur ce secteur pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est un marché qui présente un potentiel de croissance important. Notre objectif est de nous maintenir dans le top 10 des entreprises mondiales du secteur. Ensuite, ce domaine implique de réaliser des investissements massifs dans nos infrastructures et dans la recherche et le développement. Or, face à nos concurrents qui disposent de moyens colossaux, nous devons consacrer toute notre énergie dans ce sens. Se diversifier nous exposerait à un risque de dilution. Nous concentrer sur notre savoir-faire nous permet de conserver notre position d'alternative aux GAFA, et de proposer un cloud de confiance à nos clients.

J'aimerais évoquer l'edge computing. C'est à la fois un sujet technique et un modèle économique. Au niveau du modèle économique, cela ne change pas ce qui existe déjà. Être capable de gérer un centre de données nécessite de l'innovation et des compétences, ce dont nous disposons déjà. À ce titre, nous sommes, avec d'autres, les acteurs les mieux placés pour tenir ce rôle.

Dans ce contexte, l'avenir du cloud réside-t-il dans des gros centres de données interconnectés pour traiter l'ensemble des données ? Je ne le pense pas. Si je prends l'exemple des voitures autonomes, leur mise en place nécessitera énormément de données pour analyser la route et échanger les informations de manière très rapide avec un centre de données local. De nombreuses interrogations restent à résoudre, mais il est clair que ce rééquilibrage aura lieu.

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