Il s'agit d'un autre enjeu majeur de notre époque et d'une menace déjà existante. Nous incluons la cybersécurité dans nos contrôles et dans notre supervision des établissements financiers : cela fait partie des risques opérationnels. La première ligne de défense face aux cyberattaques réside dans les institutions financières elles-mêmes. Il en est de même pour les banques centrales.
Notre mobilisation est très forte sur ces sujets : investissements, constitution d'équipes spécialisées, schémas de simulation d'attaques en interne.... Je le dis avec prudence mais fierté : si certaines banques centrales étrangères ont été visées par des attaques graves, à l'instar de la Banque centrale du Bangladesh en 2016, il n'y a pas eu à la Banque de France d'attaques cyber ayant eu la moindre conséquence.
Pour autant, cela ne saurait suffire. Il est hors de question que nous relâchions notre vigilance à l'avenir. La menace ne cesse de s'amplifier à une vitesse et dans des proportions plus élevées que nos efforts visant à la contrer. De même, autant les efforts nationaux se sont accrus, autant la coopération entre États reste perfectible. C'est même notre point faible.
La Banque de France a coordonné le premier exercice de simulation de crise en juin 2019, exercice qui a réuni les banques centrales, les autorités financières et des acteurs financiers des pays du G7. Cet exercice de trois jours fut riche d'enseignements. Il s'agissait moins de savoir comment éviter une crise que d'apprendre à la gérer. Nous proposons qu'une telle expérience soit réitérée et pérennisée.
En outre, si nous avons réalisé des progrès en matière de partage d'informations sur les crises, (par exemple sur les modalités de repérage et de déclaration des incidents), nous devons encore progresser sur la catégorisation des incidents. C'est un sujet sensible : le partage des informations ne peut se faire qu'au sein de cercles limités, comme le G7. Pour partager des informations, nous devons en effet partager un langage commun, notamment sur la gravité des incidents.
Concernant les règles encadrant la sécurité des établissements bancaires et des compagnies d'assurance, leur rédaction mériterait d'être harmonisée et complétée. Depuis la crise financière, nous avons porté toute notre attention sur les risques financiers. Il est temps de nous tourner également vers les risques technologiques qui sont une priorité. Le Comité de Bâle doit pouvoir mener les travaux dans ce domaine.