Intervention de Villeroy de Galhau

Commission d'enquête Souveraineté numérique — Réunion du 11 juillet 2019 à 14h00
Audition de M. François Villeroy de galhau gouverneur de la banque de france

Villeroy de Galhau :

C'est une question très importante qui appelle deux niveaux de réponse. Tout d'abord, je pense que la révolution numérique est centrale pour les banques, et ce pour chacune de leurs activités. Une banque qui n'investirait pas massivement dans ces outils serait condamnée à sortir du jeu. Je me réjouis de constater que la quasi-totalité des banques françaises a su prendre la mesure de ce tournant et investir massivement. En effet, pour un acteur installé, il est parfois plus délicat d'opérer une telle transition que de lancer un nouveau système.

Ensuite, je tiens à insister sur la nécessité de porter une attention particulière à l'utilisation des algorithmes. Certes, l'intelligence artificielle peut aider à mieux analyser certaines situations et repérer des anomalies, mais elle ne pourra en aucun cas remplacer le jugement d'un être humain, la gouvernance ou l'analyse des risques. Je ne crois absolument pas qu'un algorithme sera à même de faire seul de la prévision. Il peut constituer un support, mais les données devront malgré tout être analysées par un expert.

Ainsi, les indicateurs délivrent fréquemment des faux négatifs et des faux positifs. Il est très heureux de disposer de ces indicateurs, mais seul un jugement collectif, éclairé par l'expérience et les compétences permettra de les utiliser au mieux. Les autorités publiques ne prétendent pas être omniscientes : elles reçoivent une mission, elles doivent rendre des comptes et elles exercent leur responsabilité de manière transparente. L'analyse doit se faire en ayant pleinement conscience de la responsabilité qu'elle induit. De ce point de vue-là, aucun projet privé ne me semble pouvoir être équivalent aux fonctions des banques centrales.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion