Intervention de Sophie Primas

Commission des affaires économiques — Réunion du 24 juillet 2019 à 9h35
Refonte du dispositif public d'appui au commerce extérieur- audition

Photo de Sophie PrimasSophie Primas, présidente :

Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Mme Christine Lepage, directrice des affaires internationales du Mouvement des entreprises de France (Medef), et une délégation de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), composée de M. François Turcas, président de la CPME Auvergne-Rhône-Alpes et vice-président chargé de l'international, ainsi que de Mmes Béatrice Brisson, directrice des affaires européennes et internationales, et Marie-Laure Lemaître, responsable international de la CPME Auvergne-Rhône-Alpes, pour une troisième audition sur la réforme du dispositif de soutien à l'export.

Le Medef comme la CPME se sont dotés d'un service dédié à l'accompagnement à l'export des entreprises, traduisant l'ampleur de cette préoccupation pour le tissu économique français. Nous partons d'un constat simple : le déficit commercial se creuse en France, s'élevant à près de 60 milliards d'euros en 2018, alors que l'excédent commercial allemand atteint 244 milliards d'euros. Le décrochage de la France au sein même de l'Europe est donc important, alors que nous évoluons dans un environnement similaire, notamment en termes d'accords commerciaux - nous y reviendrons.

Or, la compétitivité à l'export de nos entreprises est une condition sine qua non de bonne santé de notre économie : sans conquête des marchés étrangers, c'est autant de possibilités de croissance de nos petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui disparaissent, conduisant à la fragilisation de notre base industrielle.

Chaque année, près de 50 000 emplois industriels sont détruits depuis 1989. En trente ans, ce sont 1,4 million d'emplois industriels qui ont disparu, soit une réduction de 30 %. Cette tendance n'est pas une spécificité française, mais elle est plus aiguë dans notre pays que chez nos voisins. La part de l'industrie manufacturière dans notre PIB est de 10,2 %, contre 12,8 % en Espagne, 14,6 % en Italie et 20,6 % en Allemagne.

Notre déficit commercial s'explique de différentes façons. Nous souhaiterions entendre votre analyse. Force est de constater le faible nombre d'entreprises exportatrices : elles sont 125 000 seulement à vendre leur production à l'étranger, trois fois moins qu'en Allemagne. Aussi apparaît-il indispensable d'identifier les principaux freins à l'amorce d'une véritable dynamisation de l'export en France. Sont-ils liés à une moindre compétitivité et à de faibles débouchés sur les marchés internationaux ? Tiennent-ils davantage à un manque d'accompagnement à l'export, sur le plan du coût des assurances, de l'accès aux financements ou encore de la disponibilité des informations ? Ou bien y'a-t-il un blocage au niveau de la culture des entreprises françaises, peu conquérantes à l'export ?

L'année dernière, le Gouvernement a annoncé une nouvelle « Stratégie en matière de commerce extérieur » et une réforme de l'accompagnement des entreprises à l'export. Au cours de nos précédentes auditions, l'accent a été mis sur le développement de ces dispositifs dans les territoires, au plus près des entreprises. Mais, derrière ces réorganisations de façade, ce sont les résultats qui nous intéressent : du point de vue des entreprises, une amélioration est-elle en vue ? La mise en place du nouveau système se passe-t-elle bien ? En particulier, la logique de guichet unique vous semble-t-elle effective sur le terrain ? Rappelons que la réforme se décline en trois volets : accompagnement, financement et formation. Quels sont les retours dont vous disposez, vos remarques, vos propositions ?

Enfin, le Sénat sera amené à se prononcer à l'automne sur l'accord CETA avec le Canada. Quelle est votre vision sur les traités de libre-échange ? Nous sommes vigilants sur le maintien de conditions commerciales loyales pour nos entreprises, en particulier dans le secteur agricole.

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