Intervention de Christine Lepage

Commission des affaires économiques — Réunion du 24 juillet 2019 à 9h35
Refonte du dispositif public d'appui au commerce extérieur- audition

Christine Lepage, directrice des affaires internationales du Medef :

La faiblesse de nos exportations peut s'expliquer par une combinaison de plusieurs facteurs. Le premier élément semble être culturel. On vit bien en France. En conséquence, les Français ont moins eu le besoin, historiquement, de s'expatrier, d'aller chercher la croissance à l'étranger. L'Italie, par exemple, a une diaspora très importante et très influente à l'étranger. Cela explique en partie la situation actuelle. Vous évoquez le manque d'accompagnement. Cela joue peut-être, mais les entreprises italiennes n'ont pas le sentiment d'être mieux accompagnées que les françaises. On évoque aussi parfois la différence de qualité des produits, les produits allemands seraient supérieurs aux produits français, mais cela n'est pas toujours vrai et l'explication n'est pas suffisante. Il y a donc une conjonction de facteurs.

Une rationalisation de notre système d'accompagnement des entreprises est en cours. Elle était très attendue. Le Medef a beaucoup travaillé avec Business France et les régions pour améliorer les choses. La rationalisation mise en place constitue un progrès, mais nous manquons encore de recul pour évaluer les effets de la réforme, même si l'on constate que le nombre de contrats signés avec les régions augmente. Il faut laisser aux entreprises le temps de s'approprier la réforme. Le guichet unique est un élément de simplification.

La France compte 130 000 exportateurs. C'est trop peu. Surtout, beaucoup sont laissés à l'abandon et ne sont pas accompagnés, notamment les primo-exportateurs. Business France se concentre surtout sur les exportateurs à potentiel, car elle n'a pas les moyens de suivre toutes les entreprises.

En outre, l'export requiert des techniques et des procédures complexes. Les entreprises ont besoin d'un accompagnement individualisé ; cela prend du temps et cela coûte cher. Tout le monde ne peut pas être suivi. C'est pourquoi, même si les réformes récentes vont dans le bon sens, je crois qu'il ne faut pas s'attendre à une explosion des exportations à très court terme. Un élément important est la sensibilisation et la formation dès le plus jeune âge comme cela se passe en Allemagne ou aux États-Unis, où l'on étudie couramment le commerce international dans les écoles de commerce ou les universités. Il faut aussi renforcer l'apprentissage des langues : il est difficile d'exporter et d'assurer le service après-vente si l'on ne maîtrise pas l'anglais ! Un tiers des 130 000 exportateurs ne renouvelle pas l'expérience. Souvent la trésorerie des entreprises n'est pas suffisante pour leur permettre de faire face à des problèmes. Cela soulève la question de la compétitivité et de la rentabilité des entreprises françaises.

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