Nous avons besoin de tout le monde pour conquérir des marchés à l'international, mais nous avons tous les moyens dont nous avons besoin. Il faudrait juste procéder à quelques aménagements concernant le VIE. Il faudrait en particulier que ces personnes bénéficient d'un temps de formation plus long en France. Je crois également au temps partagé du VIE. Dans les pays étrangers, une même personne a souvent, par exemple, des agences de voyages, des hôtels, des usines. Un seul VIE peut à lui seul toucher trois ou quatre entreprises.
Permettez-moi de vous soumettre une idée farfelue. Nous avons en France deux leaders mondiaux, le groupe Accor et le groupe Ecco. Pourquoi ne pas conclure un accord avec eux ? L'un prêterait une chambre d'hôtel, l'autre recevrait dans ses locaux un VIE spécialisé. Un tel portage serait intéressant. Ecco a accès à toutes les entreprises, puisqu'il loue du personnel. On disposerait ainsi d'un sourcing qui pourrait être envoyé en France. Ces grands groupes pourraient aider la France à pénétrer les marchés à l'étranger.
J'en viens aux réseaux. Il en existe de formidables. La direction régionale des douanes à Lyon nous a proposé d'informer tous les membres de ses fichiers sur nos initiatives à l'international. Ce ne sera malheureusement pas possible en raison du règlement général sur la protection des données, mais si les douanes pouvaient ainsi être des véhicules et informer sur nos missions, elles nous rendraient un service extraordinaire.
Les réseaux du patronat local en Tunisie, en Algérie ou ailleurs, sont des réseaux très efficaces.
En revanche, nous ne nous servons pas assez des consuls. Lyon compte 80 consuls étrangers, qui constituent un formidable réseau, mais dont on ne profite pas. Ils pourraient pourtant nous fournir des informations, que nous exploiterions ensuite.
Il y a donc beaucoup de choses à faire s'agissant des réseaux.
J'en viens aux traités de libre-échange. Bien sûr, j'y suis favorable, compte tenu de tout ce que je viens de dire sur l'international. J'attirerai néanmoins votre attention sur plusieurs points.
Selon M. Trudeau, toutes les normes sont en place, mais les agriculteurs canadiens nous disent, eux, qu'ils ne sont pas prêts. Si les Canadiens n'ont pas utilisé leur quota annuel d'exportation de viande bovine, comme cela est indiqué dans certains rapports, c'est parce que l'accord n'étant pas encore ratifié, ils ne savaient pas s'ils devaient investir ou pas. Le jour où le traité sera ratifié, ils se mettront aux normes. Le problème, c'est que l'utilisation de farines animales ou d'hormones est visible sur l'animal vivant, mais pas sur la carcasse. Des précautions s'imposent donc. Je suis pour un libéralisme tempéré.
Ce qui m'inquiète, c'est que le Mercosur et le CETA vont être brutalement mis en oeuvre, que les droits de douane sont supprimés pour le Japon, le Vietnam et la Nouvelle-Zélande. Alors que nous ne sommes pas prêts à faire de l'international, on va accepter cette concurrence ? Nous devons agir tout de suite.
Je ne parle pas du CETA, la situation est irréversible, on le sait. En outre, les Canadiens sont nos amis, et le Canada est une porte d'entrée vers le marché nord-américain. En outre, il permettra à 10 000 entreprises de créer 80 000 emplois en France. Vérifions bien toutefois que M. Trudeau dit la vérité et que nous n'aurons pas de problème d'importations de viandes d'animaux nourris aux farines animales ou traités aux hormones. Le risque, sinon, est d'aggraver la fracture sociale. Les plus pauvres consommeront des viandes aux hormones, moins chères, quand les plus riches achèteront des produits locaux et bio.