Intervention de Benoît Tanaka

Commission d'enquête Souveraineté numérique — Réunion du 17 juillet 2019 à 16h00
Audition de M. Benoît Tabaka secrétaire général adjoint de google france

Benoît Tanaka :

Google a besoin des États, en tant qu'entreprise multinationale qui a vocation à appliquer les législations en vigueur dans chacun des pays où elle opère.

Dans les ateliers numériques, nous ne formons pas les gens à une vision du numérique propre à Google. Le principe de ces lieux est donner la capacité de s'informer à un large public, allant des entreprises aux personnes de tout âge et de tout niveau, sur des questions numériques. Il ne s'agit pas de vendre les produits de Google, mais de coopérer avec les acteurs locaux qui vont participer aux formations. Vous trouverez notamment dans ces ateliers des associations locales, des centres sociaux, des chambres de commerce et d'industrie qui vont utiliser ces ateliers comme des plateformes. À plusieurs reprises, les acteurs du logiciel libre ont été invités et ils ont naturellement pu proposer des alternatives aux produits de Google. Manifestement, l'objectif de ces lieux est d'ouvrir les débats et de sensibiliser les publics. À titre d'exemples, nous aidons les entreprises à mieux utiliser internet ; nous sensibilisons les restaurateurs à répondre aux différents avis qu'ils peuvent susciter sur la toile et dont dépend leur notoriété ; nous assistons les demandeurs d'emplois dans leur démarche de recherche, en partenariat avec des acteurs locaux. Ces ateliers participent ainsi à un mélange d'inclusion numérique au profit du grand public et d'accompagnement du tissu économique.

Google considère l'État comme nécessaire. Loin des zones grises, d'un pseudo « Farweb » ou de l'opposition alléguée entre les règles qui régissent le monde virtuel et le monde réel, Google a décliné sur ses plateformes, de manière très opérationnelle, le contenu de la législation. Nous veillons notamment à ce que les contenus pornographiques ne soient pas accessibles sur YouTube ou que des contenus qui véhiculent de la haine ou qui participent à la désinformation ne soient pas relayés sur nos plateformes. Nous travaillons avec les États et les régulateurs pour entrer dans ce mode d'échange. Toute modification structurelle de produits requiert nécessairement une discussion préalable. Nous aspirons donc à être l'un des acteurs de la régulation étatique, puisque nous sommes voués à y être soumis, sous peine d'être sanctionnés.

Pour autant, les règles actuelles ne sont parfois pas toutes suffisamment claires. Pour preuve, les discussions autour de la protection des données et de la collecte du consentement : si nous avons récemment été sanctionné par la CNIL, je note que la complexité du sujet a récemment motivé l'ouverture par la même CNIL d'une période de douze mois destinée à familiariser les entreprises avec l'interprétation des règles en la matière. Cela démontre bien la difficulté de leur application. Sur un texte aussi fondateur que le RGPD, il faudra attendre plusieurs décisions pour en connaître la juste application.

La phrase de Vinton Cerf, qui est l'un des pères fondateurs de l'internet et assume toujours les fonctions de « chef évangéliste » de Google, est sortie de son contexte et des éléments qui en motivaient la prononciation. Il parlait de sa vie personnelle dans un petit village en Allemagne où la vie privée n'existait pas en raison du contrôle social qui s'y faisait jour. À l'inverse, nous travaillons chez Google pour assurer la vie privée et la protection de l'intégrité physique des données de nos utilisateurs.

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