Intervention de Laurent Degré

Commission d'enquête Souveraineté numérique — Réunion du 18 juillet 2019 à 14h15
Audition de Mm. Laurent deGré directeur général guillaume de st marc directeur de l'innovation jean-charles griviaud responsable cybersécurité et bruno bernard directeur des affaires publiques de cisco france

Laurent Degré, directeur général de Cisco France :

C'est pour nous un honneur d'être invités en tant que citoyens et représentants d'une entreprise américaine qui contribue à la transformation numérique des entreprises françaises. Nous sommes venus avec des représentants de la cyber-sécurité, de l'innovation et des relations avec le Gouvernement, pour apporter un maximum d'expertise à nos réponses, dans un souci de transparence. Le débat sur la souveraineté numérique apparaît, en effet, aussi important que complexe ; il interroge les notions de territoire et d'application des lois dans un monde numérique fondé sur l'échange de données, en quelques millisecondes, par-delà les frontières. Le numérique représente une source d'innovation, qu'il convient de préserver lorsqu'il s'agit de réfléchir en termes de régulation, de cloisonnement et de sécurité.

Cisco est une société américaine fondée en 1984, dont l'activité initiale consistait à relier les applications connectées des campus universitaires au démarrage de l'Internet. Ont ainsi été créées les fameuses autoroutes de l'information. L'entreprise compte environ 70 000 salariés, dont 26 000 ingénieurs, dans 164 pays et possède 19 000 brevets. Cisco France emploie 650 collaborateurs et travaille avec 1 200 partenaires, auxquels l'entreprise fournit des solutions numériques. Nous disposons également d'un laboratoire de recherche et développement, placé sous la direction de Guillaume de Saint Marc, et d'un trust office chargé de la transparence, du respect des standards et des relations avec l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) s'agissant de la mise en conformité et de l'autorisation des produits que nous déployons. Nos clients sont des entreprises de toutes tailles, des administrations et des opérateurs télécom - c'est d'ailleurs grâce à ces derniers clients que nous avons développé nos relations avec l'Anssi. La France possède des champions du numérique, des super-calculateurs et de la cyber-sécurité, des acteurs de confiance qui sont nos partenaires. Nous pouvons en être fiers ! De même, l'Anssi représente un modèle pour l'Europe et pour le monde, grâce à la qualité des ingénieurs et de la certification que beaucoup de pays nous envient. La collaboration avec l'Anssi a contribué à faire progresser nos équipes. Enfin, Cisco investit massivement en France pour développer le réseau des start-up, où les talents sont multiples.

Le RGPD représente un élément important de la souveraineté numérique européenne, comme la directive « E-evidence », qui améliorera la transparence. Nous avons mis en place depuis quelques mois une procédure de réponse aux demandes de l'administration américaine qui pourraient intervenir dans le cadre du Cloud Act. À ce jour, cela ne s'est jamais produit. Dans un tel cas, nous regarderons d'abord où se trouvent les données incriminées. Cisco ne fait pas commerce de la donnée, mais la transporte et la sécurise, tandis que nos partenaires installent des solutions applicatives dans le cloud. Dans la majorité des cas, les données se trouvent donc chez le client : nous n'y avons alors pas accès et l'administration américaine devra nouer relation avec ledit client. Lorsque Cisco hébergera les données concernées, la demande sera traitée au cas par cas après une analyse du type de données et de la pertinence et de la légitimité de la requête. Nos juristes et nos avocats entreront alors dans un dialogue avec l'administration américaine et, le cas échéant, une notification sera envoyée au client.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion